La répartition entre les actions et les obligations est cruciale pour les portefeuilles gérés.1 Pendant une expansion économique, il est vraisemblable que les actions offrent des rendements potentiels plus élevés que les obligations. Si l’économie est à l’arrêt, les obligations d’État gardent généralement leur valeur. Mais ce n’est pas toujours le cas. En 2022, tant les actions que les obligations ont baissé. Les investisseurs ne trouvaient aucun refuge. Depuis octobre 2022, les cours boursiers se sont relativement bien rétablis, tandis que les cours obligataires se redressent péniblement. Les taux d'intérêt continuent à fluctuer et il n’est pas encore question de véritable baisse, laquelle est nécessaire pour donner un ballon d’oxygène aux cours obligataires.
Flashback actions versus obligations
Un graphique du bureau d'études indépendant Alpine Macro remonte jusqu’en 1968 et montre quand les obligations enregistrent de meilleures performances que les actions. Le ratio ‘actions/obligations’ est défini en divisant le rendement boursier total de la bourse américaine par le rendement total d'un portefeuille obligataire composé d'obligations d’État américaines d'une durée de 10 ans. Les zones grisées sont les périodes où l’économie américaine se contractait et tombait en récession.2
Que nous apprend ce graphique?
- Le ratio actions/obligations diminue ou les actions sont moins performantes que les obligations pendant une récession. La seule exception est 1980.
- Entre 1980 et 2000, période de recul de l’inflation, tant les actions que les obligations étaient performantes, mais les actions enregistraient souvent de meilleurs résultats.
- La période de 2000-2010 est parfois appelée la décennie perdue pour les investisseurs en actions. Un contexte de faible croissance et d'absence d'inflation est peu stimulant pour les investissements en actions, comme le démontre également l’expérience japonaise.
- Entre 2010 et 2021, l’économie a été frappée par la Grande Crise Financière. Nous constatons une faible croissance du crédit et une politique monétaire souple. Les taux directeurs enregistrent une baisse quasi continue à 0%. Durant cette période, l'inflation reste basse et les liquidités abondent. Les actions et les obligations performent bien, mais les actions s’en sortent beaucoup mieux.
- 2022: annus horribilis, tant pour les actions que les obligations.
Corrélation entre actions et obligations
Les gestionnaires de fonds mixtes surveillent de près la corrélation entre actions et obligations. Pendant des années, la corrélation négative entre les actions et les obligations a servi de base à la constitution des portefeuilles d’investissements. Lorsque l’économie se porte bien, les taux montent. Les cours obligataires baissent mais ceux des actions grimpent parce que les entreprises peuvent présenter des chiffres bénéficiaires en hausse. Un ralentissement économique s’accompagne d’une baisse des taux (et d’une hausse des cours obligataires). Les bénéfices des entreprises peuvent alors décevoir, entraînant un recul des actions.
En 2022 cependant, la corrélation était positive: les pertes pour les actions et obligations étaient comparables. Mais 2022 était exceptionnelle: il faut remonter à 1970 pour trouver une année où les actions et obligations ont baissé en même temps. À l’époque, les obligations ont perdu 10% et les actions, 30%.3
Maintenant que le taux est en train de se normaliser, les obligations devraient reprendre leur rôle de tampon en cas de baisse du marché des actions. Surtout si l’inflation continue à fléchir. Nous constatons qu’en cas de recul de l’inflation, la corrélation diminue. Bonne nouvelle pour les portefeuilles mixtes.
Stratégie actuelle
La fin du cycle de taux approche. Tant aux USA qu’en Europe. La solidité actuelle de l’économie américaine a pour effet que les taux pourraient continuer à osciller autour des niveaux actuels plus longtemps que ce que beaucoup de gens pensent. N'oublions pas que le déficit budgétaire américain se maintiendra aux alentours de 5% ces prochaines années. L’État va donc devoir continuer à chercher de l'argent.
Dans les portefeuilles, nous avons légèrement renforcé les positions obligataires et un peu allongé la durée moyenne. L'économie va ralentir ces prochains mois, même aux USA, de telle sorte que les obligations joueront leur rôle de tampon. Il se peut donc que, d’ici la fin de l’année, les taux à long terme soient quelque peu inférieurs à leur niveau actuel.
Pour les nouvelles positions, nous optons pour la qualité (obligations d’État et d’entreprises solides). Tout comme pour les actions, il est de bonne pratique de répartir le portefeuille entre différentes régions et durées. Cela permet de profiter des taux plus élevés actuels, au cas où ils baisseraient l’an prochain.
Nous restons neutres concernant les actions. En tout cas, tant que l’inflation continue à baisser. Mais les Bourses sont devenues plus chères depuis octobre 2022. Une rechute n’est donc pas exclue. Dans les pays développés, nous optons plutôt pour des secteurs défensifs (comme le secteur de la santé).