Que nous réserve 2024?


22 janvier 2024 - Els Vander Straeten

Nous espérons que 2024 apportera à nos lecteurs beaucoup de bonheur. Et aux dirigeants de ce monde, nettement plus de sagesse pour trouver des solutions pacifiques. Et aux marchés financiers? À nouveau, un scénario optimiste.

En 2023, nous avons en effet connu un scénario idéal, tant au niveau économique que sur les marchés financiers. Pourtant, le moral était en berne début 2022. Chacun pensait alors que la hausse des taux d’intérêt allait entraîner une forte contraction de la croissance économique. Mais grâce à la fermeté du marché de l’emploi et à la diminution assez spectaculaire de l’inflation, les économies (excepté celle de la Chine) ainsi que les entreprises se sont mieux portées que prévu.

Départ hésitant en 2024

Après le puissant rallye de fin d'année, déjà amorcé à la mi-octobre, les investisseurs ont eu le vertige début janvier. La plupart des indices boursiers ont clôturé la première semaine boursière sur des chiffres légèrement négatifs, à l’instar des marchés obligataires où les taux ont grimpé, et les cours obligataires donc encore diminué.

La cause: 2 rapports américains publiés début janvier.

  • Le rapport de la réunion sur les taux de la banque centrale américaine (Fed) ne livrait que peu d’informations, voire aucune, sur le timing d’une première baisse de taux. L’espoir d’une première diminution en mars est dès lors prématuré
  • Le rapport sur l’emploi a révélé qu’en décembre, plus de nouveaux emplois ont été créés que prévu.

Il semble que les cours des obligations et des actions forment toujours un tandem. De bons chiffres économiques éveillent la crainte d’une période prolongée de taux plus élevés et mettent donc les cours des obligations et des actions sous pression. À terme, la hausse des taux pourrait entraîner une récession. Scénario que les investisseurs préfèrent ne pas envisager.

États-Unis: atterrissage en douceur de l’économie comme scénario de base

Retard de l’effet d’une hausse de taux

Lorsque les taux d’intérêt étaient très bas, durant la période 2012-2022, entreprises et consommateurs contractaient plus de crédits à taux fixe, sur de longues durées. Et ce, contrairement à la période qui a précédé la Grande Crise Financière, où l’on octroyait davantage de crédits à taux variable. Jusqu’à présent, l'économie américaine a peu pâti de la hausse des taux d’intérêt. Il semble donc que la hausse des taux mette plus de temps à se répercuter sur l'économie.

Pour autant, Belfius Research observe progressivement plus de signes des effets de la hausse des taux. Le nombre de faillites commence à augmenter peu à peu, les conditions d’octroi de crédit se durcissent et la demande de crédits fléchit.

Consommateurs et pouvoirs publics regardent à la dépense

On doit surtout la forte croissance enregistrée en 2023 aux consommateurs et pouvoirs publics américains. L’Américain moyen a encore pu compter sur sa tirelire constituée pendant le covid, mais celle-ci commence à se vider. Il se montre dès lors de plus en plus économe. Belfius Research table cette année sur un repli de la demande en biens durables (ex. voitures, appareils ménagers). L’approche des élections et les discussions sur le plafond de la dette vont aussi faire baisser les dépenses publiques en 2024. Ce qui signifiera peut-être, en 2024, une croissance américaine un peu plus faible.

  • Le scénario de base: atterrissage en douceur (60% de probabilité). Le scénario de base de Belfius Research (probabilité de 60%) est un atterrissage en douceur de l'économie, avec une inflation évoluant peu à peu vers l’objectif. La Fed devrait procéder à une première baisse de taux au plus tôt en juin. Dans ce scénario, le taux à 10 ans pourrait même augmenter légèrement, car la croissance s'élèverait encore à 1,4%.
  • Le scénario alternatif: surprise positive (30% de probabilité). Dans un scénario alternatif, l'économie américaine crée une bonne surprise. Inconvénient: l’inflation fléchira plus lentement et la baisse de taux prévue se fera attendre plus longtemps. Le taux à 10 ans pourrait alors de nouveau évoluer vers 5%. Ce scénario a une probabilité de 30%.
  • Le scénario de récession (10% de probabilité). Belfius Research évalue le risque d’une récession en 2024 à seulement 10%.

Zone euro: le consommateur est un peu plus confiant dans l'avenir

Pour la zone euro, le commerce international et l’industrie sont plus importants que pour les États-Unis. Pas étonnant que notre économie ait rencontré plus de difficultés. On observe toutefois des lueurs d'espoir. La confiance des consommateurs s'améliore. La baisse de l’inflation combinée à une hausse des salaires augmente le pouvoir d'achat. Les salaires pourraient encore grimper un peu, vu la pénurie sur le marché de l’emploi. La Banque centrale européenne (BCE) ne va dès lors pas diminuer le taux si rapidement. Belfius Research table sur une première baisse l'été prochain seulement, peut-être après la Fed.

  • Le scénario de base (65% de probabilité) pour 2024 implique que la croissance pourrait un peu augmenter dès la moitié de l'année, mais avec une poursuite progressive de la baisse de l’inflation. Notre scénario optimiste refait surface!
  • Dans le scénario de stress (25% de probabilité), en revanche, l’inflation reste élevée (crainte d’une spirale prix/salaires et d’une hausse du coût des transports) et l’économie se tasse. La BCE devra alors relever le taux d’intérêt afin de juguler l’inflation.
  • Le scénario de stagnation (10% de probabilité). Belfius Research donne une probabilité de 10% à un scénario de longue stagnation de l’économie où l’inflation retomberait assez vite. Dans ce cas, le taux pourrait être rapidement revu à la baisse.

Chine: la croissance économique n'a pas fini de ralentir

Grâce aux mesures de ces derniers mois, l'économie chinoise commence à manifester des signes de stabilisation, mais la crise immobilière persistante et un manque de confiance des entreprises privées et des ménages menacent une relance durable.

La politique fiscale de Pékin est surtout orientée sur l’offre – investissements dans la technologie, l’industrie, l’infrastructure... – et nettement moins sur la demande. Et c’est là que le bât blesse. Pour 2024, Belfius Research met en avant une croissance de 4,5%.

Obligations: une évidence

Alors qu’en octobre, le taux à 10 ans aux États-Unis semblait encore franchir le cap de 5% – et en Allemagne de 3% – cette tendance a pris fin lorsque les banques centrales ont annoncé leur intention de diminuer les taux directeurs en 2024. En décembre, le taux américain a plongé sous 4%, et le taux allemand sous 2%. Cette forte baisse traduisait peut-être une réaction excessive du marché et, début janvier, les taux d’intérêt sont légèrement repartis à la hausse. Comme nous n'attendons pas de récession, le taux long devrait pouvoir augmenter dans le courant de l’année, mais restera inférieur aux niveaux d’octobre 2023.

2024 s'annonce aussi prometteuse pour les investisseurs en obligations. Nous entrevoyons des opportunités parmi les obligations d’entreprises Investment Grade. Elles offrent toujours un rendement potentiel supérieur au taux allemand (environ 1,5 à 1,8%1 en plus). Ce qui peut être intéressant, vu la qualité des entreprises.

Actions: plus de fluctuations à court terme

Intelligence artificielle

Peu avaient prédit fin 2022 que la hausse boursière de 2023 concernerait surtout 7 grandes entreprises américaines qui, selon les investisseurs, profiteront le plus des possibilités de l’intelligence artificielle (IA).

Début 2023, nous étions en revanche positifs vis-à-vis des fonds technologiques plus largement diversifiés, et nous nous sommes montrés un peu plus prudents au 2ème trimestre, pour à nouveau miser pleinement sur la technologie début décembre. Les valorisations sont toujours raisonnables compte tenu de l’augmentation des bénéfices. La plupart des entreprises IT se concentrent dès lors davantage sur la maîtrise des coûts et l'amélioration des marges. Dans une perspective à long terme, le secteur continuera à profiter de percées technologiques comme l’IA.

Lutte contre le réchauffement climatique

Les actions d’entreprises offrant des applications ou solutions dans la lutte contre le réchauffement climatique ont à nouveau connu un parcours difficile en 2023. Elles n’ont pas bénéficié de l’engouement pour l’IA et ont rudement pâti de la hausse des coûts des matières premières et des taux. Avec l'apaisement de ces turbulences et la relance boursière élargie, elles vont pouvoir reprendre du poil de la bête.

Régions équivalentes

Sur le plan régional, nous sommes presque neutres envers toutes les régions, avec toujours une légère préférence pour les actions américaines, vu la dominance de la technologie et la Bourse américaine moins cyclique que l’européenne. Si l’économie mondiale et la Chine sont finalement plus performantes que prévu, c’est surtout l’Europe qui en profitera. L'accent sur l’Europe pourrait alors être plus marqué, mais nous avons pour cela besoin de davantage de confirmation.

Tandem actions et obligations

D'après nous, le tandem actions et obligations évoluant dans la même direction devrait se maintenir ces prochains mois. Ce qui veut dire que les investisseurs en actions devront continuer à prêter la plus grande attention aux prévisions d’inflation et de taux. Si ces derniers augmentent, les cours diminueront, et inversement. Les faits et gestes des banques centrales seront plus que jamais scrutés attentivement.

Nous tablons aussi sur davantage de fluctuations. Les valorisations boursières actuelles laissent peu de marge pour s'écarter du scénario optimiste. Et en 2024, la moitié de la population devra ou pourra voter. L’impact sur la Bourse est généralement limité, surtout à long terme. Mais à court terme, les fluctuations pourraient bien prendre de l’ampleur.

Les actions demeurent donc un placement à long terme. Et à long terme, c’est l'évolution des entreprises qui continuera de faire la différence.

1 Source: Refinitiv – indice Iboxx Euro Corporate (spread ou différentiel de taux)


Ce document, rédigé et publié par Belfius Banque, donne la vision de Belfius Banque sur les marchés financiers. Il ne contient pas de conseil ou de recommandation d’investissement personnalisé(e), ni d’analyse indépendante en matière d’investissement. N'hésitez pas à contacter votre conseiller financier si vous désirez recevoir des conseils d’investissement personnalisés. Il ou elle se fera un plaisir d’examiner avec vous les conséquences éventuelles de cette vision sur votre portefeuille personnel d’investissements. Les chiffres mentionnés reflètent une situation à un moment donné et sont susceptibles d’être modifiés.