11 mars 2022
11 mars 2022
Els Vander Straeten
Investment Strategy
Personne ne peut prédire comment la guerre va évoluer. Les fluctuations des marchés boursiers vont se poursuivre dans les semaines et les mois à venir. Cependant, il est possible d’établir quelques premières estimations des conséquences économiques. Tant que la guerre se limitera à l’Ukraine, la consommation mondiale devrait rester stable. Nous serons cependant confrontés à des problèmes d’approvisionnement plus longs. Outre le gaz et le pétrole, la Russie est également un grand exportateur de blé et de maïs. Elle est même le premier exportateur mondial d’engrais et de palladium, un métal précieux utilisé dans les pots catalytiques des véhicules.
En raison de sa situation géographique, il est clair que l’Europe subira les premiers effets. L’inflation restera élevée plus longtemps que prévu et une baisse des prix de l’énergie n’est pas pour demain. La question est maintenant de savoir dans quelle mesure les prix élevés feront baisser la consommation. Les sanctions imposées détermineront également à quel point l’économie de la zone euro sera touchée.
Le dernier tabou, c-à-d la prise de sanctions contre le secteur pétrolier et gazier russe, a été brisé le 8 mars. Les États-Unis ont annoncé un embargo sur le pétrole, le gaz naturel liquéfié et le charbon russes. Pour l'économie américaine, l'énergie russe n'est pas importante, ce qui n’est pas le cas pour certains pays européens. L'Allemagne, par exemple, importe 55% de son gaz et 42% de son pétrole de Russie. Des études réalisées entre autres par le groupe de réflexion européen Breugel1 montrent que l'Europe peut passer l'hiver prochain sans recourir au gaz russe. Il faudrait cependant chercher des alternatives (autres producteurs, GNL, maintien des réacteurs nucléaires ouverts plus longtemps...) et rationaliser la consommation de 10%. L'impact de ce type de rationnement sur l'économie est généralement moins important qu'on pourrait le penser, car les mesures visent généralement l'industrie lourde. À titre d'exemple, la BCE2 a récemment estimé qu'une réduction de 10% de la consommation de gaz réduirait le PIB de la zone euro d'environ 0,7%. Ce chiffre est du même ordre de grandeur que les estimations tirées lors d'expériences antérieures de rationnement de l'énergie, comme au Japon après Fukushima et au Royaume-Uni dans les années 1970. L'Europe prévoit de réduire de deux tiers son utilisation de gaz russe cette année.
Dans tous les cas, gardez la tête froide car la panique est mauvaise conseillère. Il est important de vérifier que votre horizon d’investissement et votre sensibilité au risque correspondent toujours au profil d’investisseur que vous avez choisi. Si ce n’est pas le cas, vous pouvez l’adapter. Si vous souhaitez profiter des niveaux actuels du marché boursier pour vous constituer des positions, il sera préférable de les étaler dans le temps. Le market timing est inopérant: personne ne peut acheter au cours le plus bas et/ou vendre au cours le plus haut.
Lorsque le conflit semblera se stabiliser, nous maintiendrons une position neutre à légèrement surpondérée en actions. Nous considérons les éléments suivants:
Dans un contexte de hausse des taux d’intérêt, nous continuons de sous-pondérer les obligations d’État. Nous privilégions les émissions structurées avec un droit partiel de remboursement du capital investi, dont le rendement potentiel dépend d’un indice boursier.
Évidemment, si le conflit sur le continent européen s'intensifie encore, nous adapterons notre stratégie d'investissement.
1 https://www.bruegel.org/2022/02/preparing-for-the-first-winter-without-russian-gas/
Ce document, rédigé et publié par Belfius Banque, donne la vision de Belfius Banque sur les marchés financiers. Il ne reprend aucune recommandation ou conseil personnalisé d’investissement ni d’analyse indépendante en matière d’investissements. Les chiffres mentionnés reflètent une situation à un moment donné et sont susceptibles d’être modifiés.