1 juin 2022

Klaas Janssens
Investment Advisor

 
Le conflit en Ukraine entre dans son quatrième mois. La ville portuaire de Marioupol est tombée aux mains des Russes et les combats se poursuivent sans relâche dans les provinces de l’est. La crise en Ukraine, mais surtout les déclarations des banques centrales affirmant qu’elles feront tout pour contenir l’inflation, provoquent des turbulences sur les marchés financiers.

Le conflit en Ukraine


Après quatre mois de guerre, Marioupol est tombée aux mains des Russes. Même si les analystes considèrent l’offensive dans les provinces orientales plus lente que prévu, la Russie semble forcer une percée aux alentours de Severodonetsk – la dernière ville aux mains des Ukrainiens de la province de Louhansk. Si la ville tombe, les troupes russes risquent de tenter de s’emparer de la province de Donetsk en suivant le même modus operandi.


Il reste difficile de savoir ce que l’opinion publique russe pense de la guerre. Selon certains rapports, plusieurs fractions au sein du Kremlin favorables à une intervention militaire («les Siloviki») s’offusquent de la lenteur des événements. Les pertes humaines essuyées par les troupes russes à la suite de la traversée ratée d’une rivière et la contre-offensive ukrainienne à Kharkiv ont suscité de francs mouvements de grogne.


Pendant ce temps, la coalition occidentale continue de soutenir l’Ukraine en lui fournissant des armes de plus en plus complexes et lourdes. Selon le secrétaire à la Défense des États-Unis, Lloyd Austin, 20 nouveaux pays vont se joindre à la coalition en vue de livrer des armes à l’Ukraine. Malgré cet armement à grande échelle, les spécialistes dressent un bilan plutôt mitigé.


L’invasion russe continue d’avoir un impact à l’échelle planétaire. La Suède et la Finlande ont introduit une demande d’adhésion à l’OTAN. Les relations diplomatiques entre Washington et Pékin restent tendues. La crise ukrainienne donne une résonance très actuelle à la situation concernant Taïwan. Le président américain, en voyage en Asie, a évoqué «hors script» son intention de faire intervenir son armée si la Chine envisageait l’invasion de Taïwan. Durant la visite du président américain, la Russie et la Chine ont procédé à un nouvel exercice militaire conjoint dans la région.


L’économie européenne


Aux dernières nouvelles, les chefs d’État européens seraient sur le point de conclure un accord politique pour appliquer un embargo sur le pétrole russe. Cet accord serait susceptible de faire augmenter quelque peu le prix du pétrole.


L’inflation européenne a atteint un niveau record de 7,4% en avril. La présidente de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde, a fait savoir que la BCE envisage d’adopter une position plus ferme pour lutter contre l’inflation. D’après ses prévisions, le futur taux directeur ne devrait plus être négatif à la fin du mois de septembre et devrait s’établir à 0%. Face à cette approche possiblement plus restrictive de la BCE, l’euro s’est apprécié par rapport au dollar, pour atteindre 1,07$.


Certains économistes estiment que nous n’en sommes pas là: les prix élevés des matières premières vont ralentir la croissance économique, ce qui pourrait également avoir pour effet de faire reculer l’inflation. Qui dit croissance plus faible dit aussi baisse de la demande de matières premières et donc prix potentiellement plus bas. Les premiers signaux d’un éventuel ralentissement de la croissance sont déjà visibles sur le marché de l’immobilier et de la construction. Reste à voir toutefois de quoi seront faits les prochains mois en termes de croissance et d’inflation. Les prix des denrées alimentaires sont eux aussi préoccupants.

La Commission européenne a annoncé qu’elle préparait un plan pour lutter contre la hausse des prix des denrées alimentaires. Elle aurait l’intention d’acheminer les stocks de céréales ukrainiennes vers des ports européens proches avant de les exporter vers les marchés mondiaux. Selon les informations de la BBC, des initiatives diplomatiques seraient en cours afin d’organiser, sous la houlette de pays neutres, des convois maritimes en mer Noire dans le but d’exporter les stocks vers les pays les plus dépendants des céréales ukrainiennes.


Les marchés


La somme des incertitudes économiques et géopolitiques est source de nervosité sur les marchés financiers. L’indice S&P 500 a chuté cette année de 12,8%. La Bourse européenne (Eurostoxx 50) s’établit, elle aussi, à -15% depuis le début de cette année1.


La hausse des taux a également alarmé les investisseurs en actions, puisqu’elle influence les valorisations boursières. Le taux d’intérêt américain à 10 ans flirte avec la barre des 3%, contre 1% pour le taux d’intérêt allemand à 10 ans. L’indice CNN Fear & Greed, qui mesure le sentiment des investisseurs, se fait l’écho des nombreuses craintes et incertitudes. Dans une phase comme celle-ci, les marchés osent parfois être trop pessimistes. Même le prix de l’or a reculé ces dernières semaines, alors qu’il peut constituer une couverture potentielle contre l’inflation et l’incertitude. De même, les actions d’entreprises présentant des modèles commerciaux prospères ainsi que de bons chiffres financiers ont, elles aussi, perdu leur attrait.


Historiquement, une phase de marché comme celle-ci, où tout semble aller de travers, peut offrir des opportunités d’achat intéressantes pour un investisseur à long terme. Ce dernier devra néanmoins faire preuve de flexibilité et de sélectivité. Des fonds gérés activement peuvent basculer rapidement pour répondre aux opportunités.


En conclusion


L’incertitude économique et géopolitique ne semble pas encore derrière nous. Dans cette conjoncture, il est important d’avoir un portefeuille largement diversifié. En d’autres termes, cela signifie une bonne diversification des actions au niveau régional et sectoriel, des différents types d'obligations et des investissements structurés, mais aussi des investissements immobiliers, des infrastructures et de l'or. Il peut donc être intéressant d’avoir des formules de gestion flexibles en portefeuille, lesquelles peuvent comporter – en plus des actions et des obligations – des liquidités, des matières premières (durables), des métaux précieux ou d’autres actifs alternatifs.



1 Source : Reuters-Refinitv. Prestation en monnaie locale entre le 31/12/2021 et 27/5/2022

 

Ce document, rédigé et publié par Belfius Banque, donne la vision de Belfius Banque sur les marchés financiers. Il ne contient pas de conseil en investissement personnalisé, pas de recommandation d’investissement, ni de recherche indépendante en matière d’investissement. Si vous êtes à la recherche de conseils en investissement personnalisés, vous pouvez vous adresser à votre conseiller financier qui se fera un plaisir d’examiner avec vous les effets éventuels de cette vision sur votre portefeuille d’investissements personnel. Les chiffres mentionnés sont des instantanés et sont susceptibles d’évoluer.

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