Olivier Fumiere
Investment Strategist @Belfius
24 juin 2022
Olivier Fumiere
Investment Strategist @Belfius
Comme de nombreux autres pays, les États-Unis sont confrontés à une forte augmentation de l’inflation. Celle-ci est la conséquence, entre autres, de facteurs résultant principalement de deux chocs successifs: le Covid-19 et la guerre en Ukraine.
Ces chocs ont fait grimper l’inflation aux États-Unis à plus de 8%, le plus haut niveau atteint depuis 40 ans. Faire baisser l’inflation proche de l’objectif moyen de 2% est donc la principale préoccupation de la Fed. Celle-ci a déclenché son processus de resserrement des conditions monétaires et financières au mois de mars 2022 avec une première hausse des taux directeurs de 0,25%. Deux autres hausses de taux ont été réalisées depuis lors, 0,5% en mai et 0,75% en juin, la question étant dorénavant de savoir à quel rythme ces taux vont continuer d’augmenter. Le taux des obligations d’état américain à 10 ans a suivi cette même tendance passant de 1,5% en début d’année à un peu plus de 3% aujourd’hui.
Pour certains analystes, ce processus a été déclenché trop tardivement. La Fed se serait trompée sur le «caractère transitoire» de l’inflation et serait à présent amenée à augmenter ses taux plus nettement, provoquant ainsi un ralentissement de la consommation et donc de la croissance. L’exercice de la Fed est délicat et consiste à procéder à un resserrement monétaire sans toutefois ralentir l’économie de manière trop importante. En bref, il s’agit de réaliser un atterrissage en douceur de l’économie américaine.
Dans sa forme la plus simple, le prix d’une action peut être décomposé en deux éléments:
Prix = (Prix / Bénéfice estimé) x Bénéfice estimé
Si nous appliquons cette formule à l’indice S&P 500, nous observons que la baisse de -21 % de l'indice S&P 500 depuis le début d’année est entièrement attribuable à la compression de ce multiple. Celui-ci est passé de 21,7 en début d’année à 15,9, justifiant à lui seul une correction de -27%. Mais la différence positive, soit 6%, provient de l’évolution favorable des bénéfices des 12 prochains mois de l’indice S&P 500.
Autrement dit, le prix des actions américaines a baissé pendant que les estimations de bénéfices ont augmenté. Ceci s’explique par la hausse des taux américains, qui ont doublé en 6 mois et ont fait chuter mécaniquement le prix des actions. Pour une même valeur future le marché paye moins aujourd’hui qu’il y a 6 mois, réduisant de la sorte le multiple « prix/bénéfice estimé ». Ceci est surtout vrai pour les valeurs technologiques qui sont par nature plus sensibles aux fluctuations des taux.
Les États-Unis se trouvent dans un contexte économique très particulier. La Fed est contrainte à se montrer plus restrictive alors même que la croissance devrait ralentir. La baisse de la bourse américaine peut en grande partie être attribuée aux actions de la Banque centrale américaine, et aux mouvements de taux qui en découlent. La bourse américaine nous paraît correctement évaluée, le risque principal portant sur une révision possible des bénéfices des entreprises. Nous maintenons nos positions sur les actions américaines parmi lesquelles nous privilégions le secteur pharmaceutique, plus défensif, ou d’autres thèmes plus porteurs à long terme tels que l’économie circulaire ou l’énergie renouvelable.
Ce document, rédigé et publié par Belfius Banque, donne la vision de Belfius Banque sur les marchés financiers. Il ne contient pas de conseil en investissement personnalisé, pas de recommandation d’investissement, ni de recherche indépendante en matière d’investissement. Si vous êtes à la recherche de conseils en investissement personnalisés, vous pouvez vous adresser à votre conseiller financier qui se fera un plaisir d’examiner avec vous les effets éventuels de cette vision sur votre portefeuille d’investissements personnel. Les chiffres mentionnés sont des instantanés et sont susceptibles d’évoluer.