27 septembre 2022

Robbe Van Hauwermeiren
Investment Strategy @Belfius

Cette semaine, tous les regards étaient tournés vers la Réserve Fédérale (Fed), qui a de nouveau augmenté le taux de 0,75%. Il nous semble que le moment est bien choisi pour faire le bilan et voir comment la Banque centrale américaine s’en est tirée jusqu’à présent en ces temps difficiles.

Quand l’inflation a commencé à grimper au milieu de l’an dernier, il est rapidement apparu que la Réserve Fédérale était confrontée à une tâche difficile. Les causes de l'inflation se situaient principalement du côté de l’offre, hors de portée de la Fed. En effet, une banque centrale a surtout de l’influence du côté de la demande. Elle peut augmenter le taux pour freiner la demande ou, inversement, diminuer le taux pour stimuler la consommation.


Le plafond est-il atteint ?


À 9,1%, l’inflation aux USA a atteint un pic au mois de juin 2022. Les économistes avaient des avis divergents. Les uns estimaient que seul un signal puissant, c’est-à-dire une forte hausse de taux, pouvait endiguer l’inflation. Les autres pensaient que l’économie était encore trop fragile pour absorber de telles hausses de taux. Aujourd’hui, la Fed se retrouve avec la tâche difficile de freiner suffisamment l’économie pour réduire l’inflation, mais sans plonger celle-ci dans une récession profonde.

Heureusement, nous constatons aujourd'hui déjà des signes de refroidissement de l’inflation américaine. Celle-ci a déjà baissé de quasi un pour cent par rapport au mois de juin. De nombreux indicateurs montrent en outre que l’inflation va sans doute continuer à s’atténuer. En raison de la diminution de la croissance économique mondiale, beaucoup de matières premières sont meilleur marché (cuivre, minerai de fer, pétrole…), le coût du transport a baissé et les délais de livraison se sont raccourcis. Bien que l’inflation soit encore largement supérieure à l'objectif de la Fed (2%), le plafond a sans doute été atteint en juin.

Économie : marché du travail vigoureux


Dans l’intervalle, l’économie semble relativement robuste. Malgré un recul de l’économie américaine au premier semestre de 2022, les économistes ne parlent pas encore de récession . Cela est dû au fait que la contraction de l’économie ne s’est pas encore étendue à différents segments de l’économie, principalement au marché du travail. Avec un taux de chômage de seulement 3,7%, le marché du travail reste très vigoureux. De plus, nous devons également tenir compte du fait qu’au cours des trimestres précédents, l’économie a enregistré une croissance tellement forte qu’un repli en douceur n'était pas très problématique. Une croissance modeste devrait à nouveau être possible au troisième trimestre. Les prix pétroliers aux USA ont baissé de 30% en comparaison avec le pic atteint en juin. Si l’argent libéré est dépensé, cela aura une influence positive sur la croissance.

Jusqu’à présent, la Fed semble avoir fait un bon parcours. Sa stratégie consistant à augmenter progressivement le taux semble permettre un lent recul de l'inflation, sans trop de dommages pour l’économie ni pertes d’emplois.


Beaucoup de fluctuations sur les marchés financiers


Le fait que les marchés financiers souffrent de la politique monétaire actuelle est accessoire pour la Fed. Cela signifie dès lors que, si les chiffres de l’inflation s'avèrent décevants, les marchés financiers vont continuer à ployer sous une politique monétaire plus agressive. Les marchés d'actions surveillant maintenant de près l'inflation, celle-ci sera chaque mois une source considérable de volatilité. Notre positionnement neutre en actions constitue donc le choix le plus logique.

Pour ce qui est des obligations, différents scénarios sont possibles. Pour le moment, le marché semble tabler sur le fait que l’inflation va se normaliser sans ralentissement extrême de la croissance. Si ce scénario se réalise, les obligations plus risquées, comme les obligations d’entreprises, pourront vraisemblablement enregistrer de bonnes performances. Si l’inflation baisse et que l’économie se retrouve dans une phase de récession profonde, les obligations d’État constitueraient probablement le meilleur investissement. Les taux d'intérêt redescendraient, mais les primes de risque pour les obligations d’entreprises augmenteraient vraisemblablement dans ce cas. Quoi qu’il en soit, dans un tel scénario, les obligations peuvent offrir une diversification dans un portefeuille équilibré. Le scénario le plus douloureux pour les obligations et les actions serait sans doute que l’inflation reste très élevée pour une période beaucoup plus longue. Les attentes plus élevées concernant l'inflation pourraient alors pousser le taux à long terme à la hausse et la banque centrale devra peut-être poursuivre sa politique stricte. Ce scénario paraît plutôt invraisemblable. Les très longues périodes d’inflation élevée sont rares dans les pays développés. À cela s'ajoute que, comme mentionné ci-dessus, nous constatons des signes de refroidissement de l’inflation.



Ce document, rédigé et publié par Belfius Banque, donne la vision de Belfius Banque sur les marchés financiers. Il ne contient pas de conseil en investissement personnalisé, pas de recommandation d’investissement, ni de recherche indépendante en matière d’investissement. Si vous êtes à la recherche de conseils en investissement personnalisés, vous pouvez vous adresser à votre conseiller financier qui se fera un plaisir d’examiner avec vous les effets éventuels de cette vision sur votre portefeuille d’investissements personnel. Les chiffres mentionnés sont des instantanés et sont susceptibles d’évoluer.