Olivier Fumiere
Investment Strategy @Belfius
21 décembre 2022
Olivier Fumiere
Investment Strategy @Belfius
Vous êtes nombreux à vous poser la question du moment opportun pour investir en bourse. À ce sujet, l’adage « Sell in May and go away » est bien connu du monde financer. Il suggère de vendre ses actions au mois de mai pour revenir sur les machés plus tard, espérant bénéficier ainsi du rallye de fin d’année. Cette stratégie est-elle réellement payante ?
Y a-t-il des périodes de l’année pendant lesquelles il est préférable d’acheter ou de vendre des actions ? En d’autres termes, existe-t-il des périodes pendant lesquelles les marchés bousiers offrent de meilleures rendements ?
En examinant les performances mensuelles de l’indice MSCI World (indice mondial d’actions, coté en USD) depuis 1970, nous observons régulièrement des périodes de sous- et de surperformance (voir le graphique1 ci-dessous) saisonnières. Ainsi, les mois d’avril et de décembre affichent généralement de bonnes performances boursières avec un rendement mensuel moyen proche de 2%. Si l’adage conseille de vendre en mai, observons que le rendement au cours de ce mois est légèrement positif. Le mois de semptembre est en moyenne le plus mauvais, et à éviter, de ce point de vue du moins.
Il est statistiquement correct de dire que les performances boursières ont été moindres durant la période du début du mois de mai à la fin septembre (moyenne mensuelle de 0,2%) par rapport à la période du début du mois d’octobre et à la fin avril (moyenne mensuelle de 1,3%).
De nombreuses théories circulent concernant la justification des performances saisonnères. En voici quelques éléments. Si les trois premiers mois de l’année sont relativement bons en termes de performances, le mois d’avril fait preuve d’encore plus d’optimisme comme par anticipation de la publication des résultats des entreprises du premier trimestre. La période de mai à septembre a tendance à être moins bonne. Après le premier trimestre, l'intérêt pour les actions semble retomber, ce qui est particulièrement vrai pendant les vacances d'été. De retour au travail en septembre, le moral des investisseurs n’est plus au beau fixe. À partir de l’automne, lorsque les jours raccourcissent, on peut à nouveau consacrer plus de temps à la bourse. Mais le meilleur mois de l’année est bel et bien décembre. Le rallye serait alors allimenté par l’ambiance festive et le paiement des primes de fin d'année.
L’année 2022 a été très particulière. Son début a été marqué par la guerre en Ukraine. Celle-ci a provoqué une avertion au risque entraînant une hausse des matières premières, en particulier des produits énergétiques et, conséquemment, une chute des marchés boursiers. Les quatres premiers mois de l’année, généralement bons en terme de performance, se sont donc soldés par une perte de l’indice MSCI World de près de 13%, le mois d’avril contribuant à lui seul pour -8%. Il n’était donc pas oppotun d’avoir investi en actions durant cette période.1
Au cours de la période allant de début mai à fin september, l’indice à perdu 14%. C’est le mois de septembre qui a contribué le plus à la performance négative avec un recul de plus de 9%. Le principal facteur explicatif de cette mauvaise performance étant probablement à mettre à l’actif de la politique monétaire plus restrictive des banques centrales mondiales lors de la réunion à Jackson Hole fin août. Le président de la banque centrale américaine y a signalé la nécessité de relever encore les taux d'intérêt pour lutter contre l'inflation.
Finalement, les trois derrniers mois semblent s’achever sur une belle reprise des marchés, même si les chiffres provisoires (0% au 13/12) sont sans réelle direction pour décembre. Ceux-ci ont bénéficié d’une baisse des prix énergétiques et de l’espoir de voir l’inflation enfin atteindre un pic et, en conséquence, de voir les banques centrales moins restricitives.
Les différentes performances saisonnières reprises dans cette analyse sont des moyennes. Leurs variations sont généralement assez faibles par rapport aux fluctuations que connaissent les marchés durant ces périodes. Ainsi, si le mois d’août présente une valeur moyenne insignifiante (+0,1%), il s’est soldé par une hausse de 10.1% en 1984 et par une perte de -13.3% en 1998.
En outre, si certains éléments saisonniers peuvent infuencer les performances des marchés boursiers, les facteurs économiques, environnementaux, politiques et géopolitiques semblent constituer les principaux moteurs de performances boursières. Ainsi, la guerre en Ukraine et le Covid-19, qui sont des événements inattendus ont fondamentalement impacté les marchés.
Profiter de la saisonnabilité des marchés pour augmenter la performance de votre portefeuille semble être un exercise délicat. Les investisseurs désirant déceler le moment opportun pour investir, ce que l’on appelle dans le jargon « faire du market timing » ont tout intérêt à tenir compte des facteurs économiques, politiques et monétaires.
Cependant, à long terme, rester investi est probablement la meilleure stratégie. Les tendances boursières étant généralement haussières à long terme, cela évite de sortir à un mauvais moment. Timer le marché ne fonctionne en général pas. Sur les 50 dernières années , plus de 90% de la performance boursière est obtenue par des mouvements survenus dans moins de 10% des jours ouvrables. La stratégie « Buy and Hold », qui consiste à acheter et à conserver des actions d’entreprises actives dans des thèmes porteurs à l’avenir ou investir de manière régulière dans le temps sont probablement des stratégies plus appropriées.
Le timing est souvent inopérant. Le temps, lui est un des plus puissants leviers.
1 Veuillez noter que les rendements passés, les simulations de rendements passés et les rendements futurs prévus d'un instrument financier, d'un indice financier, d'une stratégie ou d'un service d'investissement ne sont pas des indicateurs fiables des rendements futurs.
Ce document, rédigé et publié par Belfius Banque, donne la vision de Belfius Banque sur les marchés financiers. Il ne contient pas de conseil en investissement personnalisé, pas de recommandation d’investissement, ni de recherche indépendante en matière d’investissement. Si vous êtes à la recherche de conseils en investissement personnalisés, vous pouvez vous adresser à votre conseiller financier qui se fera un plaisir d’examiner avec vous les effets éventuels de cette vision sur votre portefeuille d’investissements personnel. Les chiffres mentionnés sont des instantanés et sont susceptibles d’évoluer.