Catrien: En rendant l’invisible visible, je veux participer à la construction d’un monde plus égalitaire. Les produits viennent souvent de l’autre bout de la planète. Au cours de leur production et de leur transport, les marchandises sont parfois mieux traitées que les gens qui les fabriquent ou les transportent. Nous n’avons pas le droit de nous enfouir la tête dans le sable: en tant qu’entrepreneurs logistiques, nous devons faire quelque chose.
Mon plus grand rêve est qu’un label unique soit instauré pour montrer les qualités sociales et durables du produit. Avec un score qui traduit l’impact des émissions de CO2 et des conditions de travail et de transport. Aujourd’hui, nous faisons particulièrement attention à notre petite part de responsabilité dans la chaîne d’approvisionnement. Nous veillons à ce que les membres de notre personnel de transport maritime prennent à temps leurs jours de congé auprès de leur famille. Avec le Covid, nous leur avons aussi procuré des vaccins.
Yvan: Tout est une question de respect et d’ouverture aux qualités des uns et des autres. Les membres de notre personnel navigant peuvent vivre des semaines avec leur petite valise. Et malgré les différences de langues, ils trouvent toujours une manière de rigoler et de travailler agréablement ensemble. Nous avons beaucoup d’admiration pour notre personnel, car la logistique est un vrai casse-tête. Leur attitude positive fait en sorte que tout se passe bien.
Catrien: Le bastion masculin qu’est le secteur maritime a besoin qu’on lui injecte des valeurs féminines. C’est encore trop souvent le chacun pour soi, le travail à outrance pour un peu plus de rendement. Moi, je crois plutôt à la manière douce: tout notre secteur doit aller de l’avant, pas seulement notre entreprise.
Pour faire carrière en tant que femme, on prétend qu’il faut être plus dure et plus masculine que les hommes. J’invite plutôt les hommes à embrasser les valeurs féminines. Si nous apprenons à avoir une réflexion plus large, nos progrès seront plus durables.
Yvan: Agir simplement normalement, c’est déjà un fameux pas en avant. Au-delà du genre, de la culture ou de l’âge, concentrez-vous sur le talent et l’envie de s’engager. Vous ferez toujours bien.
Catrien: Les erreurs font partie du métier d’entrepreneur. Quand quelque chose se passe mal, j’ai la modestie de demander conseil. Mon père disait à l’époque: « mes plus gros problèmes m’ont valu mes meilleurs clients. » Personne n’est parfait, mais on peut être honnête avec les clients, c’est quelque chose qu’ils respectent énormément.
Yvan: Cela fait aussi partie de l’amour du travail. Quand on veut être le meilleur, on doit aussi exceller à rectifier ses erreurs.
Catrien: Avec une entreprise, on a tellement de possibilités de distiller des valeurs positives dans le monde! Quelle chance nous avons de pouvoir le faire!