Espoir de modération de la part de Trump


23 décembre 2024 - Els Vander Straeten

2025 approche à grands pas. Le moment est venu pour les économistes d’affûter leur vision future pour l’année à venir. Nous avons donc le plaisir de partager avec vous la vision de Belfius Research. L’année qui arrive promet d’être à nouveau remarquable. Nous vous souhaitons d’ores et déjà de très bons moments.

Début 2024, qui aurait pu prédire que:

  • La Bourse américaine réitérerait ses brillantes performances de 20231
  • Le cours de l’action du fabricant de puces Nvidia triplerait, après la hausse de 350% en 20231
  • Toutes les autres entreprises des «Sept Magnifiques» enregistreraient de nouveau d’excellentes performances, même si Tesla, l’exception, n’a entamé son processus de rattrapage qu’après l’élection de Donald Trump1

Comme vous le voyez, les surprises positives sont principalement venues des États-Unis. La Bourse européenne a pu terminer l’année sur une note positive, mais une performance de +8%1 fait naturellement pâle figure à côté des formidables résultats des entreprises technologiques américaines.

USA: un Trump modéré, c’est bon pour l’économie et la bourse

Au début de son deuxième mandat présidentiel, Donald Trump héritera d’une économie qui tourne bien. Les consommateurs américains, moteurs de l’économie, continuent à dépenser beaucoup en raison d’:

  • Un marché de l’emploi solide: peu de signes de ralentissement, les entreprises continuent à engager et le taux de chômage est seulement de 4,2%
  • Excellentes performances boursières en 2023 et 2024

Ces deux éléments ont dopé la confiance des consommateurs, qui a d’ailleurs augmenté après la victoire de Trump. Belfius Research s’attend à ce que le taux d’épargne continue à diminuer. Il est donc fort peu probable que le consommateur appuie sur le frein en 2025. D’autant plus que l’inflation a reculé à 2,7% en décembre. Avec ses 3,3%, l’inflation structurelle (hors les prix volatils de l’alimentation et de l’énergie) reste cependant toujours au-dessus de l’objectif de la Banque centrale américaine (Fed). Cela n’a toutefois pas empêché cette dernière de réduire son taux directeur de 0,25% à 4,25% le 17 décembre.

L’évolution de l’économie en 2025 dépendra surtout des mesures que prendra le nouveau président. Maintenant que les Républicains détiennent la majorité dans les deux chambres, les mesures suivantes seront sans doute effectives dans les prochaines années:

  • La prolongation des baisses d’impôts de 2017
  • La suppression de l’impôt sur les pourboires et les heures supplémentaires
  • Une baisse supplémentaire de l’impôt des sociétés en 2026
  • Une hausse de la production de pétrole (« drill baby drill»)
  • L’annulation de la politique antitrust de Biden, permettant une augmentation des fusions et acquisitions

Il est clair que les mesures ci-dessus sont positives pour la croissance et les bénéfices des entreprises américaines. Cependant, elles peuvent aussi réveiller l’inflation. Sans parler des droits de douane et de la politique migratoire prévue, qui peuvent tous deux être inflationnistes. Belfius Research envisage deux scénarios.

  1. Une politique plus modérée, où Trump impose des droits de douane de 60% sur toutes les importations chinoises, mais où d’autres partenaires commerciaux (par exemple, le Canada, le Mexique et l’Europe) peuvent négocier et limiter les tarifs. Il découragera l’immigration autant que possible, mais il ne procédera pas à des «déportations». Dans un tel scénario, Belfius Research prévoit une légère baisse de l’inflation au cours des 2 prochaines années et une reprise de la croissance à partir de 2026.
    60% de probabilité
    202420252026
    Croissance du PIB (%)2,72,73,0
    Inflation (%)2,92,72,5
    Taux directeur de la Fed (%)*4,54,04,0
    * fin de l’annéeSource: Belfius Research
  2. Dans l’autre scénario, les taxes douanières déclencheront une guerre commerciale mondiale, perturbant sérieusement les chaînes d’approvisionnement. Une politique anti migratoire stricte (avec des déportations massives) restreindra le marché de l’emploi, augmentant l’inflation générale et salariale, ce qui freinera la croissance économique. Les inquiétudes concernant les perspectives fiscales pourront engendrer une vente massive sur les marchés obligataires américains et donc une hausse des taux d’intérêt. En réaction à l’inflation plus élevée, la Fed sera contrainte d’augmenter le taux directeur.
    40% de probabilité
    202420252026
    Croissance du PIB (%)2,71,81,4
    Inflation (%)2,93,83,0
    Taux directeur de la Fed (%)*4,55,04,5
    * fin de l’annéeSource: Belfius Research

Zone euro: baisse de taux nécessaire pour une bouffée d’oxygène supplémentaire

La réélection de Donald Trump, de nouvelles élections en Allemagne, les tensions politiques en France, le malaise dans le secteur automobile européen… Il y a peu de raisons d’être optimiste. Les entrepreneurs envisagent l’avenir de manière de plus en plus pessimiste. Ils constatent non seulement un ralentissement de l’activité dans l’industrie, mais depuis peu, également dans le secteur des services, le pilier de l’économie européenne depuis longtemps.

Pour donner ce supplément d’oxygène, le 12 décembre, la Banque centrale européenne (BCE) a baissé son taux directeur de 0,25%. D’autres baisses de taux sont très probables en 2025.

La faiblesse de l’économie et la diminution des taux d’intérêt font reculer la valeur de l’euro par rapport au dollar. Depuis l’élection de Trump, l’euro a perdu 4% de sa valeur. Une devise plus faible est cependant une aubaine pour nos exportateurs et peut compenser dans une certaine mesure les éventuels droits de douane américains.

Ici aussi, Belfius Research prévoit deux scénarios. Le scénario de base où la croissance reste faible et la BCE abaisse les taux à 2%. L’autre scénario est encore plus pessimiste, avec une véritable guerre commerciale et des tensions géopolitiques entraînant une augmentation des prix du pétrole. Dans un tel scénario, la BCE devra encore abaisser davantage le taux.

60% de probabilité
2024 2025 2026
Croissance du PIB (%) 0,8 0,7 1,7
Inflation (%) 2,4 2,4 2,2
Taux directeur de la Fed (%)* 3,0 2,0 2,0
* fin de l’année Source: Belfius Research
40% de probabilité
2024 2025 2026
Croissance du PIB (%) 0,8 0,5 0,1
Inflation (%) 2,4 2,8 1,8
Taux directeur de la Fed (%)* 3,0 1,75 1,75
* fin de l’année Source: Belfius Research

Chine: les mesures ne mettent pas provisoirement fin à la baisse des prix immobiliers

La persistance de la crise immobilière engendre une croissance moins musclée qu’espéré de l’économie chinoise. Depuis septembre, Pékin a déjà annoncé différentes mesures de relance. La Banque centrale a ainsi abaissé les taux d’intérêt et les obligations de réserve des banques, et les pouvoirs locaux achètent massivement des logements pour éliminer l’excédent d’offre et stopper la diminution des prix de l’immobilier. Mais cela n’a aucun effet pour le moment.

Le consommateur chinois est peu confiant en l’avenir, même si certaines mesures portent leurs fruits – par exemple, les subventions pour l’achat d’équipements et de voitures. En octobre, les ventes au détail ont progressé de 4,8%, la croissance la plus forte depuis février. Fin décembre, Pékin a promis une aide supplémentaire, mais aucun montant concret n’a été mentionné. Il faut attendre, car les autorités se préoccupent également de l’augmentation de la dette publique.

Au cours des premiers mois de 2025, l’économie chinoise profitera sans doute encore des mesures déjà prises, mais il reste à voir dans quelle mesure les tarifs douaniers de Trump toucheront les exportations chinoises. Les autorités chinoises semblent d’ores et déjà avoir l’intention de dévaluer leur monnaie, le yuan.

Belfius Research prévoit une croissance économique de 4,5% en 2025 et de 4,2% en 2026. Une croissance de 4,8% est encore attendue pour 2024.

Convictions

Nous n’adaptons pas nos convictions pour l’instant et nous restons positifs à l’égard des actions. Pourquoi?

  • En raison du «momentum» fort et de la thématique de l’IA, les investisseurs continuent à investir massivement en Bourse et surtout, en Bourse américaine.
  • L’économie américaine se porte bien et on espère un Trump modéré qui mènera une politique favorable aux entreprises.
  • En Europe et en Chine, nous nous attendons à des baisses de taux et à des mesures de relance supplémentaires qui pourront, espérons-le, inverser la vapeur.

Les obligations aussi gardent leur place dans un portefeuille diversifié. En plus des obligations d’entreprises de qualité en euros, nous reprenons des obligations d’entreprises américaines.

Comment les taux à long terme évolueront-t-il? Exception faite de l’économie, la politique peut aussi avoir un impact. Si Trump réalise ses promesses électorales, cette politique sera inflationniste. Cela signifie moins de place aux baisses de taux et un taux à long terme qui peut augmenter. Dans la zone euro, les pays qui mènent une politique budgétaire irréfléchie peuvent attirer l’attention des grands investisseurs institutionnels. S’ils commencent à vendre des obligations d’État, le taux peut augmenter rapidement. Heureusement, il s’agit souvent d’un coup de semonce pour les politiciens afin qu’ils mènent les réformes nécessaires et maintiennent les finances en ordre.

Comme vous pouvez le remarquer, il est fort probable que le marché se retrouve sous tension. Des adaptations de votre portefeuille seront certainement nécessaires en cours d’année. Lisez nos publications pour rester bien informés.

1 Source: Refinitiv. Performances du S&P 500 (price, en USD) en 2023 + 24,2% et 26,5% en 2024 (jusqu’au 10-12). Performances du Stoxxx 600 (price, en EUR) en 2023 +12,74% et en 2024 +8,24% (jusqu’au 10-12). Dans le cas d’un indice de type «Price», les dividendes des actions ne sont pas réinvestis dans l’indice (par opposition à un indice de type «Total Return»). Vous trouverez de plus amples informations sur ces indices sur S&P 500® | S&P Dow Jones Indices en STOXX® Europe 600 - STOXX


Ce document, rédigé et publié par Belfius Banque, donne la vision de Belfius Banque sur les marchés financiers. Il ne contient pas de conseil en investissement personnalisé, ni de recommandation d’investissement ou de recherche indépendante en matière d’investissements. Les chiffres cités reflètent une situation à un moment donné et sont susceptibles d’évoluer.
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