Après avoir atteint des records cette année, les prix de nombreuses matières premières ont fortement baissé. Le ralentissement de la croissance économique en Chine et dans le reste du monde entraîne un fléchissement de la demande de pétrole brut et de matériaux. À plus long terme, les analystes tiennent compte d'un «supercycle» pour beaucoup de matières premières en raison de la transition vers une économie plus verte.
Au niveau mondial, les marchés de matières premières vont à nouveau s’envoler cette année. Les prix en dollars des produits agricoles tels que le froment et le maïs et des métaux industriels comme le cuivre, le minerai de fer et l’aluminium ont vu leur valeur chuter fortement depuis les pics enregistrés au printemps. Par exemple, le prix de l’aluminium a perdu 45 pour cent entre début mars et début octobre et le prix du froment a chuté de 27 pour cent depuis le mois de mai.
Les cours ont également fortement fluctué à la hausse et à la baisse sur les marchés de l’énergie. Fin août, les prix européens du gaz et de l’électricité ont atteint des records historiques en raison de l’incertitude concernant l’approvisionnement en gaz cet hiver. Depuis septembre, les prix du gaz naturel et de l’électricité se sont fortement refroidis, à la suite des températures exceptionnellement clémentes en octobre et du bon déroulement de l’approvisionnement des stocks de gaz européens. Le baril de pétrole brut est également devenu meilleur marché mais la baisse de prix est moins marquée parce que les pays de l’OPEP+ ont décidé en octobre de réduire leur production.
La baisse de la plupart des prix des matières premières est due au ralentissement important de la demande dans l’économie mondiale. L’Europe et le R-U se dirigent vers une récession et les perspectives de croissance ont également été revues à la baisse aux USA. Cependant, c’est l’évolution de l’économie chinoise qui constitue de loin le facteur le plus déterminant des marchés de matières premières. Depuis vingt ans, la Chine est le plus gros consommateur de matières premières comme le cuivre, l'acier et le charbon. Cette année, l’activité économique chinoise et la demande de matières premières sont toutefois restées largement inférieures aux attentes en raison de la politique stricte de zéro Covid et de la crise persistante du marché immobilier. De plus, l'affaiblissement du renminbi par rapport au dollar pèse sur la demande car elle entraîne une hausse du coût des importations de métaux, pétrole et autres matériaux pour les usines chinoises. Ces prochains mois, les risques baissiers pour l’économie mondiale vont vraisemblablement continuer à peser sur les marchés de matières premières. La plupart des banques centrales ne sont pas encore prêtes à lutter contre l’inflation élevée et il faut s’attendre à de nouvelles hausses de taux qui freineront la croissance économique. Malgré la grogne de la population chinoise, un assouplissement à court terme de la politique Covid paraît improbable. Le nombre de contaminations est remonté ces dernières semaines. Des confinements, comme celui de Shanghai en avril, sont encore possibles. C’est pourquoi les experts en matières premières n’escomptent pas d'accélération soudaine de la demande de métaux industriels ces prochains trimestres.
Il n’en va pas de même sur les marchés de l’énergie. En Europe principalement, la situation reste précaire. Si l’hiver n’est pas trop rigoureux, les stocks de gaz actuels devraient suffire pour répondre à la demande ces prochains mois. Mais, pour l’hiver suivant, on craint encore que l'approvisionnement soit insuffisant. Les contrats à terme pour le gaz naturel arrivent en effet à échéance fin 2023. Ceux-ci tiennent compte d'un prix du gaz qui est supérieur de presque 15 pour cent aux niveaux actuels. Le récent tir au missile en Pologne démontre une fois de plus que le risque et la volatilité restent élevés sur les marchés de l’énergie européens.