L’environnement obligataire reste difficile pour l’investisseur. Les taux d’intérêts dans les pays développés sont généralement bas et les banques centrales vont augmenter de plus en plus leurs taux directeurs pour lutter contre l’inflation. Dans ce contexte, est-il intéressant de se tourner vers la dette émergente? Nous avons posé cette question à Shende Charudatta, Head of Client Portfolio Fixed Income chez Candriam.

Que faut-il comprendre par dette émergente? Est-ce risqué d'y investir actuellement? Quel est votre avis à ce sujet?


S. C.: « La dette émise par les pays émergents est désormais une classe d'actifs courante. Si ces pays sont plus risqués et présentent une solvabilité moindre que les pays développés, il ne fait aucun doute que la croissance y est plus élevée. Cette classe d'actifs offre également une grande diversification, en termes de régions, de secteurs et d'instruments. Elle couvre plusieurs segments (devise forte et devise locale), différentes classes d'actifs (obligations souveraines, sous-souveraines et d'entreprises) et ce dans plus de 90 pays. Le marché souverain couvre un large éventail de notations (IG: de qualité, HY: à haut rendement) tandis que les obligations d'entreprises sont émises dans un grand nombre de secteurs, y compris les instruments ESG tels que les obligations vertes et les obligations durables.


Investir dans cette classe d'actifs nécessite non seulement une analyse rigoureuse centrée sur l'émetteur de la dette, mais également la prise en compte d'autres éléments tels que le risque géopolitique, les flux dans la classe d'actifs et les politiques des banques centrales à leur égard. »


On entend souvent parler de dette émergente en «devise locale» (LC) et en «devise forte» (HC). Laquelle faut-il privilégier?


S. C.: « Dans l'environnement actuel caractérisé par une hausse des taux, une volatilité accrue et des risques géopolitiques, nous constatons des risques plus élevés sur la dette émergente en devise locale, ceux-ci résultant non seulement des taux locaux, mais aussi de la composante devise. La classe d'actifs HC n’est, quant à elle, pas affectée par les fluctuations des devises locales. En outre, près de 60% du segment HC est composé d'exportateurs de matières premières. Ces pays sont les principaux bénéficiaires de la forte hausse des prix du pétrole et des matières premières. Enfin, on retrouve une plus grande diversification en termes de régions dans le HC (85 pays) que le LC (20 pays), ce qui est un élément positif dans un contexte de volatilité accrue. »

En plus des taux d'intérêts bas dans la plupart des pays développés, une forte hausse de l’inflation devrait inciter les banques centrales à relever les taux directeurs. Et les pays émergents?


S. C.: « Il est vrai que les banques centrales des marchés développés ont recours au resserrement monétaire pour lutter contre l'inflation. Bien sûr, cela entraîne une hausse des taux, notamment aux États-Unis et dans la zone euro, ce qui a un impact sur la dette des marchés émergents. De nombreux pays émergents touchés par une forte inflation (Mexique, Brésil, République Tchèque…) ont déjà relevé leurs taux. En début d'année, la dette émergente en HC offrait un rendement de 5,3%, alors qu'aujourd'hui (5/4/22), il est proche de 6,5%. La dette en LC offre actuellement 6,3% contre environ 5,7% en début d'année. Par conséquent, le rendement/coupon des obligations EM est aujourd’hui plus attrayant. Si les perspectives économiques des pays émergents venaient à se détériorer et que l’inflation le permettait, les banques centrales pourraient être appelées à soutenir la croissance. C’est le cas de la Chine qui, contrairement au reste du monde, assouplit actuellement sa politique monétaire afin de renforcer son économie. Il s'agit d'un soutien pour les marchés émergents dans un contexte de resserrement monétaire et d'un élément clairement positif pour la classe d'actifs émergente. »


Le conflit entre la Russie et l'Ukraine a provoqué une hausse des prix des matières premières. Quel en est l'impact sur la dette émergente?


S. C.: « La hausse des prix des matières premières pourrait faire monter l'inflation, entrainant une baisse de la consommation et donc de la croissance. L'augmentation des taux pratiqués par les banques centrales pourrait exacerber ce phénomène. Les taux plus élevés qui en résulteraient pourraient nuire à la performance de la dette des pays émergents. Rappelons que près de 50% de la dette des pays émergents est constituée de pays exportateurs de matières premières. Ces pays sont les grands bénéficiaires de la forte hausse des prix du pétrole et des matières premières. Ils tireront davantage de revenus de leurs exportations et se retrouveront donc avec des bilans améliorés et un profil de dette plus solide. Enfin, considérant l'aspect à long terme, plusieurs pays émergents comme l’Inde sont importateurs d'énergie et la hausse du prix du pétrole n'est pas bonne pour eux. Cependant, à l'instar des pays développés, cela devrait les inciter à rechercher différentes alternatives au couple pétrole/charbon. Cela renforcerait leur indépendance vis-à-vis des combustibles fossiles et ils s’orienteraient vers une économie plus verte, les rendant de plus en plus attractifs sur le long terme. »


Vous désirez en savoir plus? Votre conseiller financier est à votre disposition!


Recherchez des fonds qui investissent dans les pays émergents

 

Le présent document a un caractère purement informatif. Aucun droit ne découle de son contenu. Il ne constitue pas une offre d’achat ou de vente d’un ou plusieurs instruments financiers, ni un conseil en investissement ou une recommandation d’investissement, et il ne confirme aucune transaction. Bien que Belfius Banque sélectionne soigneusement les données et sources mentionnées dans ce document, des erreurs ou omissions ne peuvent a priori pas être exclues. Belfius Banque ne garantit en aucun cas l’exhaustivité des informations contenues dans ce document et n’assume aucune responsabilité résultant d’une représentation incorrecte ou incomplète de ces informations. Belfius Banque ne peut être tenue responsable de dommages directs ou indirects résultant de l’utilisation de ce document. Les droits de propriété intellectuelle de Belfius Banque doivent être respectés à tout moment. Le contenu de ce document ne peut être reproduit sans l’accord écrit préalable de Belfius Banque.

Attention : Les performances passées, les simulations de performances passées et les prévisions de performances futures d’un instrument financier, d’un indice financier ou d’un service d’investissement ne sont pas des indicateurs fiables des performances futures. Les performances brutes peuvent être impactées par des commissions, frais et autres charges. Les performances exprimées dans une autre devise que celle du pays de résidence de l’investisseur subissent les fluctuations du taux de change, ce qui peut avoir un impact positif ou négatif sur les résultats. Si ce document fait référence à un traitement fiscal particulier, une telle information dépend de la situation individuelle de chaque investisseur et peut faire l’objet de modifications.

Le présent document ne constitue pas de la recherche en investissements telle que définie à l’article 36 (1) du Règlement délégué (UE) 2017/565. Belfius Banque souligne que ces informations n’ont pas été élaborées conformément aux dispositions légales arrêtées pour promouvoir l’indépendance de la recherche en investissements, et qu’elles ne sont soumises à aucune interdiction prohibant l’exécution de transactions avant la diffusion de la recherche en investissements.