Nicolas Deltour

Nicolas Deltour
Head of Investment Strategy

Quels seront les éléments déterminant pour les marchés en 2024?


En 2024 également, ce seront l’inflation, l’action des banques centrales et la géopolitique qui dicteront la direction des marchés.

L’inflation tout d’abord. La plupart des facteurs inflationnistes restent en décrue, et les attentes de nombreux économistes commencent à se rapprocher d’une certaine normalité dans un horizon de 12 à 24 mois.


Pourquoi?


  • Les problèmes d'offre ont été résolus, les stocks ont retrouvé un équilibre.
  • La création d’ emplois commence à ralentir, ce qui pourrait entraîner une hausse du chômage. Cela pèsera sur la demande.
  • La croissance économique des grands blocs économiques ralentit.

Une inconnue demeure: les prix de l’énergie. Ceux-ci ont connu une chute vertigineuse par rapport aux pics de 2022, mais on observe une certaine volatilité depuis le mois de septembre, évidemment accentuée depuis octobre par les tragiques événements au Moyen-Orient. Si le conflit devait s’étendre à toute la région, par une intervention directe de l’Iran, par exemple, cela conduirait probablement à une augmentation des prix du pétrole.


On sait que l’Iran possède les deuxièmes réserves de pétrole au monde, derrière l’Arabie saoudite. Ce que l’on sait moins, c’est que ce pays dispose également des deuxièmes réserves mondiales de gaz après la Russie. Et inutile de rappeler que le gaz russe n’est plus vraiment disponible pour nos marchés.


Cela nous amène sur le terrain géopolitique avec une question: entrevoit-on une embellie?


Du point de vue humanitaire, personne n’oserait parler d’embellie. Au moment où nous rédigeons ces lignes, l’escalade semble malheureusement rester le maître-mot.


Mais d’un point de vue boursier, c’est une toute autre histoire. Le passé nous montre que les marchés sont plus fluctuants lors de l’éclatement d’un conflit, mais que leur trajectoire reste globalement inchangée. Les principaux facteurs restent les taux et l’économie réelle.


Les taux sont déjà proches de leur plafond et ne représentent plus un danger. Quand les taux diminuent, c’est en général une bonne nouvelle pour les actions des entreprises de croissance. En effet, plus la promesse des profits d’une société se situe dans le futur, plus sa valeur actuelle dépend des taux. Plus le taux d'intérêt est élevé, moins les gains futurs ont de valeur dans les modèles d'évaluation. Or, les taux pourraient se tasser, ne fût-ce que légèrement, à moyen terme. L’effet «puissance» fait le reste: dans les modèles des analystes, la baisse des taux d'intérêt se traduit par des objectifs de prix plus élevés. Les sociétés de croissance pourraient tirer leur épingle du jeu dès la décrue des taux.


Reste l’état de l’économie réelle. Celle-ci n’est pas au sommet de sa forme, mais il semble que les banques centrales soient sur le point de réussir l’incroyable défi de réduire l’inflation sans faire s’écrouler l’économie. Belfius Research privilégie le scénario du «soft landing», - ou atterrissage en douceur de l’économie aux États-Unis et en Europe.


Cet élément est en général déterminant pour l’évolution des marchés. Il le sera en 2024. Le soft landing reste le scénario privilégié pour une performance correcte des marchés dans les mois à venir.


Nous continuerons à surveiller l’évolution des prix énergétiques. Que les perturbations viennent d’Ukraine ou du Proche Orient.

Quelles convictions mettez-vous en avant?


D’un point de vue purement stratégique, certains secteurs, dont la valorisation boursière est en retard par rapport à leur création de valeur, nous paraissent intéressants pour se décorréler des cycles économiques. Nous pensons par exemple à la révolution verte. Les entreprises actives dans ce domaine ont été les grandes victimes des hausses de taux, et seront les possibles bénéficiaires des récents tassements.


Les actions du secteur de la santé ont également un caractère défensif. Elles restent un peu à la traîne sur les Bourses ces derniers mois, tout simplement parce qu’elle n’avait pas vraiment de «crash 2022à rattraper.


Le secteur de la santé reste d’ailleurs une de nos plus régulières convictions à long terme. Ce thème reste porteur grâce aux innovations et à la démographie. Les secteurs Pharma et de la Santé sont peu sensibles aux cycles économiques, aux augmentations du prix du pétrole et aux tensions géopolitiques. Le secteur évolue au gré des avancées scientifiques et est moins corrélé avec d’autres secteurs boursiers. Bien sûr, il a aussi ses propres épées de Damoclès: les scandales sanitaires et les réformes des systèmes de soins de santé. On se souvient de la fluctuation du secteur lors des tentatives de Donald Trump de démonter le plan Obamacare.


Les prochaines élections présidentielles américaines ont lieu en 2024. Pourraient-elles avoir un impact sur les marchés, et en particulier sur le secteur de la santé?


Impossible de faire l’impasse sur les élections américaines et leur cortège de promesses ou autres «punchlines» pour les prochains mois.


Si l’investisseur ne s’intéresse pas à la politique, il devra tout de même suivre la campagne 2024.


Pour ceux qui craignent un démantèlement de l’Obamacare, il semble bon de rappeler que la santé se trouve régulièrement en première place des sondages portant sur les préoccupations des Américains, aux côtés de l’emploi et du pouvoir d’achat. Un enjeu électoral qu’aucun candidat ne peut bâcler.


Le secteur pharmaceutique est aussi un poids lourd économique pour l’Amérique. Une formidable machine à exporter, dans laquelle les USA restent à la pointe, et veulent le rester.


Au sein de l’indice boursier MSCI USA, le secteur pharmaceutique occupe d’ailleurs la seconde pondération, après l’incontournable secteur technologique. Tout cela n’est possible que parce que la santé américaine reste la mieux dotée au monde en termes de montants absolus. Toucher au système des soins de santé revient à remettre en cause la prédominance américaine sur le terrain scientifique.


Bien entendu, le rationnel ne l’emporte pas toujours. D’où l’intérêt de suivre cette campagne électorale de près.



Ce document, rédigé et publié par Belfius, présente la vision de la banque sur les marchés financiers. Il ne constitue pas un conseil en investissement individuel ni une recommandation d'investissement ou une recherche indépendante en matière d’investissement. N’hésitez pas à contacter votre conseiller financier pour obtenir un conseil d'investissement personnalisé. Il ou elle se fera un plaisir d’étudier avec vous les éventuelles conséquences que cette vision peut avoir sur votre portefeuille d'investissement individuel. Les chiffres mentionnés dans ce document reflètent une situation à un moment donné et sont sujets à modification.