La nouvelle Présidente Lagarde l’a annoncé en Décembre: l’année 2020 sera celle des grands chantiers, avec une révision stratégique de grande envergure du cadre de sa politique monétaire. Cette révision portera notamment sur les thèmes de l’environnement, de la digitalisation et des inégalités. Date de lancement prévue ? Ce jeudi. Les spéculations battent leur plein: pouvons-nous nous attendre à une modification de la gestion de sa politique de taux d’intérêt ou à des hausses de taux?
Cette révision s’inscrit dans une constatation d’échec dans le chef de la BCE. L’inflation moyenne dans la zone Euro rate sa cible d’objectif de 2% depuis plus d’une décennie, alors que des moyens sans précédents ont été déployés pour y arriver. Ce faisant, les taux directeurs sont en territoires négatifs depuis plus de 7 ans, en vue de relancer la croissance et l’inflation mais entraînant également certains dégâts collatéraux pour le système financier. Pourquoi l’inflation est-elle si faible? De nombreuses pistes sont à envisager. La digitalisation et à la mondialisation (achats en ligne, concurrence salariale, …) ont structurellement modifié la fixation du niveau général des prix et expliquent le faible niveau de l’inflation.
L’objectif principal de la BCE, visant la stabilité des prix à un niveau «inférieur à mais proche de 2%» n’est donc plus optimal. La question principale de la révision stratégique sera donc celle de la fixation d’un nouvel objectif. Le cadre de référence du Traité de Maastricht est non négociable: la stabilité des prix restera donc l’objectif principal de la BCE mais une certaine flexibilité dans sa quantification peut être attendue. Certains banquiers centraux nationaux ont notamment récemment évoqué l’hypothèse d’une cible symétrique.
Madame Lagarde a prévenu le marché de se garder d’outre-analyser son discours, et nous tâcherons de suivre son conseil. Le BCE se réserve une année entière pour procéder à la révision de sa stratégie. Il nous parait dès lors prématuré de s’attendre à toute annonce de modification de politique en ce début d’année. L’année 2020 se profile d’après nous comme une année de transition, dans un contexte économique à priori stable. Nous nous attendons également à un nouveau style de communication : coordonné et centralisé. Les fuites devraient dorénavant être tempérées. Les membres de la BCE ont ainsi été tout récemment invités, via missive de leur nouvelle Présidente, de s’abstenir de discuter publiquement de la révision stratégique dans la Presse. Nous ne nous attendons donc pas à de grandes nouvelles en matière de politique monétaire d’ici la prochaine étape cruciale: les conclusions de ce rapport stratégique prévu fin d’année.
Autrement dit : un statut de la BCE à l’horizon 2020.
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