Annelore Van Hecke
Senior Macro Economist @Belfius
Véronique Goossens
Chief Economist @Belfius
Les indicateurs de confiance économique pour la zone euro, qui mesurent le sentiment des entreprises par le biais d'enquêtes, témoignent d’une nouvelle contraction de l'économie en novembre. Rien d’étonnant en soi, vu que les entreprises de nombreux pays européens ont été contraintes de fermer leurs portes en renforcement des mesures liées au Covid-19. Un second repli économique dans la zone euro se profile donc à l’horizon. D’après les chiffres, ce fléchissement sera heureusement moins grave que le premier. Les indicateurs de confiance pour le mois de novembre restent de loin supérieurs aux niveaux atteints en mars, avril et mai.
Nous constatons que le secteur des services, en particulier (qui est le secteur le plus important du PIB européen), pâtit sévèrement de la situation, laquelle est bien entendu imputable à la fermeture des magasins non essentiels, de l’horeca et de tout ce qui a trait au tourisme, à la culture et aux loisirs. En septembre, nous avions déjà pu observer une régression du secteur des services, parallèlement à la recrudescence du virus et au renforcement des mesures. Les résultats de ce secteur avaient alors dégringolé jusqu’à un niveau exceptionnellement bas, bien que nettement supérieur au plancher atteint lors du précédent confinement.
Comparativement au premier confinement, l’industrie se porte bien. Les usines sont ouvertes et se sont entre-temps familiarisées à la notion de « distanciation sociale » sur le lieu de travail. L’environnement international, marqué par une forte reprise de l'économie chinoise parvenue dans l’intervalle à surmonter la crise du Covid-19, semble également plus favorable qu'au printemps. D’après les indicateurs de confiance, l’industrie dans la zone euro continue de progresser au mois de novembre, par rapport au mois d’octobre. Les différences entre pays sont néanmoins de taille. Alors que l'industrie française se contracte, les chiffres de la zone euro sont essentiellement tirés vers la haute par le « boom » actuel que connaît l’industrie allemande, laquelle tire profit de la demande d’exportation en Chine et dans d'autres pays asiatiques. Il s’agit-là d’ailleurs d’une bonne nouvelle également pour l'industrie belge, à qui une industrie allemande florissante profite d’office. Une baisse du nombre de nouvelles commandes dans la zone euro laisse néanmoins présager un nouveau ralentissement.
Les données alternatives ou de haute fréquence, de plus en plus utilisées par les économistes en ces temps de turbulences, laissaient également supposer que les conséquences économiques de ce deuxième confinement seront moins désastreuses (voir aussi notre article « Comment évaluer plus rapidement ce qui se passe dans l’économie ? »). D’ailleurs, d’après les statistiques de Google sur la mobilité des personnes, la densité de fréquentation des rues commerçantes a nettement moins diminué en novembre que lors du premier confinement.
Enfin, les indicateurs du climat économique indiquent également que les entreprises se montrent bien plus optimistes face à l'avenir, grâce au regain d’espoir que suscite l’annonce de l’arrivée d’un vaccin, en termes de normalisation de l'économie l'année prochaine. Les attentes concernant un élargissement du plan de relance monétaire par la Banque centrale européenne début décembre renforcent également la confiance.