Le secteur de la construction souffre moins du deuxième confinement

Annelore Van Hecke
Senior Macro Economist @Belfius


Véronique Goossens
Chief Economist @Belfius

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  • Belfius analyse la baisse du chiffre d’affaires de ses clients professionnels du secteur de la construction
  • Le secteur de la construction a continué à enregistrer de bons résultats en novembre, mais la reprise s’est arrêtée en décembre
  • La baisse du taux de TVA pour la démolition et la reconstruction et les investissements supplémentaires prévus dans l’infrastructure publique constituent une aubaine pour le secteur

Belfius suit de près l’impact de la crise du Covid-19 à l’aide de données anonymisées des comptes de ses entreprises clientes. Grâce à une comparaison de leur chiffre d’affaires en 2020 avec celui de la même période en 2019, nous pouvons déduire dans quelle mesure les entreprises de construction ont été impactées par le virus et les mesures de confinement l’an dernier. Le graphique ci-dessous illustre l’évolution du chiffre d’affaires sur une base mensuelle.





Le secteur de la construction avait démarré l’année 2020 sur les chapeaux de roue, mais le Covid-19 a tout gâché à partir de la mi-mars. La crise sanitaire a paralysé de nombreux chantiers. Les entrepreneurs avaient du mal à garantir la distanciation sociale et, dès lors, la santé de leurs travailleurs. La main d’œuvre issue d’Europe de l’Est est rentrée en masse chez elle par crainte de ne plus pouvoir voir leur famille en raison des restrictions en matière de voyages. À cela s’ajoutaient des problèmes de livraison pour certains matériaux de construction en raison de la perturbation des chaînes d’approvisionnement. Le confinement au printemps a entraîné une perte de chiffre d’affaires qui a atteint 17% au pire moment en mai. Pour le deuxième trimestre de 2020, il s’agissait pour nos clients Belfius d’une perte moyenne de chiffre d’affaires de 12%, ce qui est légèrement mieux que les statistiques de Statbel, qui, sur la base des déclarations de TVA dans le secteur, rapportent une baisse de chiffre d’affaires de 14% au deuxième trimestre de 2020.

Au début, la reprise s’est avérée difficile. En juin, une entreprise sur trois ne tournait pas encore à plein régime, comme le démontrait une enquête réalisée auprès de 357 entrepreneurs par la Bouwunie, la confédération des PME dans le secteur de la construction. Le rythme de travail était ralenti par les mesures de sécurité supplémentaires dans le cadre de la pandémie, par les retards de livraison de certains matériaux de construction, par la diminution de la main d’œuvre pour cause de maladies et de quarantaines, ainsi que par l’absence de travailleurs étrangers.

Le recul de la demande pèse également sur le secteur. Quand les consommateurs et les entreprises perdent confiance, ils investissent moins. Mais tout ne va pas mal partout. En ce qui concerne les immeubles résidentiels, nous avons assisté durant les 9 premiers mois de 2020 à une augmentation du nombre d’octrois de permis de bâtir pour des constructions neuves à raison de 4% et, pour les rénovations, à raison de 3,8% (chiffres de Statbel). Par contre, le secteur non-résidentiel, dont font partie les immeubles de bureaux, les commerces et les restaurants, a accusé une baisse du nombre de permis délivrés pour la construction neuve et la rénovation de, respectivement, 5% et 8%.

Heureusement, à partir de septembre, nous avons assisté à un rétablissement complet de nos entreprises de construction, avec un chiffre d’affaires plus élevé en septembre, octobre et novembre qu’en 2019. En novembre, nous n’observons pas d’impact du deuxième confinement, mais nous constatons une légère rechute en décembre. La différence avec le premier confinement est énorme. Nous pouvons en conclure que le secteur de la construction s’est adapté efficacement aux nouvelles circonstances.

Les meilleures performances dans la construction et l’industrie expliquent pourquoi la contraction de notre économie est moins forte pendant le deuxième confinement que pendant le premier au printemps de 2020. Le secteur de la construction apporte une valeur ajoutée substantielle dans notre économie belge (5,4% en 2019) et il employait pas moins de 75 000 indépendants et 214 000 salariés en 2019. Cette reprise et la moindre sensibilité du secteur aux résurgences du virus constituent une bonne nouvelle pour notre économie. Ce qui ne veut pas dire que les entreprises de construction n’ont plus de difficultés. D’après une enquête de l’Economic Risk Management Group (ERMG) de la Banque nationale, près de 10% des entreprises sont très pessimistes pour l’avenir et estiment qu’une faillite est vraisemblable. De manière générale, on s’attend encore pour 2021 à un chiffre d’affaires inférieur de 6% à celui d’avant la crise. Les travailleurs du secteur doivent se faire moins de soucis. Il existe toujours une demande de main d’œuvre qualifiée dans la construction et les entreprises s’attendent à une augmentation du personnel de 1,2% pour 2021, ce qui compensera entièrement les pertes de personnel de 2020 (enquête ERMG de décembre 2020).

Les pouvoirs publics donnent un coup de pouce au secteur en adoptant quelques mesures de soutien, comme, par exemple, la baisse du taux de TVA en cas de démolition et de reconstruction, et les mesures d’encouragement des rénovations. De même, par le biais des plans de relance des différentes autorités, des investissements importants sont réalisés dans des travaux d’infrastructure supplémentaires, une aubaine pour le secteur de la construction.

Cependant, l’année 2021 n’a pas commencé sous un astre favorable. En raison des nouvelles mesures de quarantaine pour les travailleurs revenant de l’étranger après les vacances de Noël, de nombreux chantiers n’ont pas pu reprendre à temps après le congé de la construction. De plus, le carnet de commandes se remplit plus lentement que d’habitude et la construction est encore confrontée à des retards dans la livraison de certains matériaux.




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