29 décembre 2022
Frank Maet
Senior Macro Economist @Belfius
Véronique Goossens
Chief Economist @Belfius
2022 sera la troisième année consécutive où le Covid-19 régira le rythme de l’économie. Après l’hémorragie de 2020 et la reprise chaotique de cette année, 2022 démarrera en mode mineur. La quatrième vague de la pandémie fait à nouveau payer un lourd tribut cet hiver et pèsera sur la croissance économique au premier trimestre. Les mesures prises par les gouvernements pour endiguer les infections freinent l’activité, surtout dans la zone euro. L’effet des limitations sur l’économie diminue cependant lors de chaque vague d’infections parce que les entreprises et les consommateurs s’adaptent plus rapidement. En comparaison avec les confinements précédents, la population a plus l’habitude de travailler et de faire son shopping à domicile.
Nous tenons cependant compte d’une croissance médiocre au début de l’année. Le pouvoir d’achat des ménages est sous pression en raison des prix élevés de l’énergie et la persistance des pénuries freine, en outre, la production industrielle. La forte perturbation de l’approvisionnement de matériaux et produits en provenance d’Asie joue des tours, surtout à l’économie allemande. Compte tenu de la grande importance économique de l’industrie, l’Allemagne est davantage gênée par les problèmes logistiques que le reste de la zone euro.
La pénurie aiguë de marchandises est un des nombreux effets secondaires de la pandémie mais est aussi liée au ralentissement soudain de la reprise en Chine. Les dirigeants à Pékin ont opté pour la tolérance zéro à l’égard du Covid-19 et n’hésitent pas à confiner des provinces entières. À différents endroits, les usines et les ports restent fermés, ce qui pèse sur l’approvisionnement vers l’étranger. La Chine a également ses propres chats à fouetter. L’industrie lourde est confrontée à des pénuries d’énergie mais c’est surtout la crise dans le secteur immobilier qui cause le plus de soucis. Le secteur représente environ un cinquième de l’économie et les épargnants chinois ont injecté beaucoup d’argent dans les investissements immobiliers ces dernières années. Une situation à surveiller l’an prochain. Une reprise chinoise rapide augmente les probabilités de pénurie moins sévère de marchandises chez nous. Après une croissance impressionnante du PIB de 8 pour cent en 2021, nous prévoyons un ralentissement du rythme de la croissance chinoise à 5,2 pour cent en 2022.
Aux États-Unis aussi, l’économie croîtra moins vite en 2022 qu’en 2021 mais c’est là que s’arrête la comparaison avec la Chine. Il n’y a pas de climat de crise aux États-Unis. De grands pans de l’économie américaine respirent la santé. Les bénéfices des entreprises ont fortement augmenté cette année, les investissements en capital ont le vent en poupe et les ménages dépensent à tour de bras l’argent épargné pendant les confinements. La forte demande sur le marché de l’emploi fera encore baisser le chômage en 2022 et continuera à soutenir la consommation. Le principal point négatif sur le plan économique est l’inflation élevée, qui a atteint près de 7 pour cent en novembre. Heureusement, la Federal Reserve est futée. La banque centrale accélère la réduction de son aide Covid-19 et prévoit trois hausses de taux en 2022 pour contrôler l’inflation. Selon nous, cette mesure ne mettra pas en danger la reprise de la croissance américaine. L’an prochain, nous tablons sur une croissance du PIB américain de 4 pour cent, après les 5,6 pour cent de 2021.
Après le démarrage difficile de l’année économique, nous prévoyons que la conjoncture s’améliorera également dans la zone euro à partir du printemps. Une baisse des factures d’énergie, la levée des confinements d’hiver et une diminution du chômage stimuleront les dépenses des ménages. Si les chiffres du Covid-19 continuent à baisser, ce sera une bonne nouvelle pour des pays comme l’Espagne et l’Italie qui espèrent une saison touristique florissante. L'Espagne surtout a encore un retard à rattraper en matière de redressement post-Covid-19, comparée au reste de la zone euro. Cela peut durer un certain temps avant que les perturbations de l’offre aient complètement disparu, mais nous voyons une amélioration dans ce domaine après l’été. C’est une bonne nouvelle pour l’économie allemande. La reprise industrielle chez nos voisins de l’est est provisoirement à la traîne par rapport à d’autres pays mais à partir du second semestre de 2022, nous anticipons une accélération de la croissance en Allemagne. Pour l’ensemble de la zone euro, nous nous attendons à une croissance du PIB de 4,8 pour cent en 2021 et de 4,2 pour cent en 2022.
L’apparition inattendue du variant omicron met une nouvelle fois en lumière que la pandémie de Covid-19 n’est pas terminée. De nouveaux variants et vagues d’infections peuvent donc mettre nos scénarios de croissance sous pression. Tant que la crise sanitaire n’est pas sous contrôle, les risques de baisse de la croissance économique sont plus nombreux que ceux de hausse chez nous et dans le reste du monde.