17 Mars 2022
Frank Maet
Senior Macro Economist @Belfius
Véronique Goossens
Chief Economist @Belfius
Un cycle de hausse des taux s’est enclenché. Hier, la Banque centrale américaine a relevé son taux directeur pour la première fois depuis trois ans. Le taux s’est tendu de 0,25 pour cent et non de 0,50 pour cent. Cette deuxième option avait été envisagée avant l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Mais face à l’incertitude et aux risques liés à la guerre, la Réserve fédérale a revu sa décision. Alors que les marchés financiers ont déjà les nerfs à vif, une hausse soudaine d’un demi pour cent pourrait engendrer un surcroît de volatilité.
Pour autant, la Banque centrale à Washington n’a pas l’intention de faire son travail à moitié. Le relèvement d’hier est le premier d’une longue série. . La Fed entend relever son taux lors de chacune des six réunions de politique monétaire restante cette année, de sorte qu’il atteindrait entre 1,75 pour cent et 2 pour cent d’ici fin 2022. Et cette hausse se poursuivra en 2023, avec une augmentation d’au moins 0,75 pour cent. . Le ton actuel de la politique monétaire est sensiblement plus agressif qu’en décembre mais ce durcissement est nécessaire pour juguler l’inflation galopante. Celle-ci a atteint à peine moins de huit pour cent, soit le niveau le plus élevé depuis quarante ans et un chiffre quatre fois supérieur à l’objectif d’inflation officiel. La Fed a également laissé entendre que son énorme bilan serait réduit prochainement. Celui-ci a plus que doublé pour atteindre 9.000 milliards de dollars durant la pandémie. Lors de la réunion en mai, la Banque centrale fournira des détails sur la manière dont elle réduira son bilan.
La guerre en Ukraine n'accélérera pas uniquement l’inflation américaine cette année, elle pèsera également sur l'activité économique d’après Powell. La Fed a dès lors revu ses perspectives de croissance pour 2022 à 2,7 pour cent. Le commerce d’énergie et de biens entre les États-Unis et la Russie ne représente pas grand-chose mais l’effet indirect de la hausse des prix du pétrole sur la consommation américaine est considérable. Comme chez nous, les cotations élevés du pétrole brut se traduisent par des prix exorbitants à la pompe. Les ménages américains consacrent habituellement énormément d’argent aux transports et il est possible qu’ils réduisent leurs autres dépenses les prochains mois. Les économistes américains partent souvent du principe qu’une hausse des cours pétroliers de 10 dollars entraîne une baisse d’environ 0,2 pour cent de la croissance réelle. Toutefois, la Fed ne s’inquiète pas encore outre mesure pour l’économie car la demande sur le marché du travail reste très forte.
En durcissant sa politique monétaire, la Banque centrale américaine a envoyé un signal clair hier : la lutte contre l’inflation sera prioritaire au cours des prochaines années. C’est la raison pour laquelle elle mettra rapidement un terme à sa politique de taux extrêmement bas de ces dernières années