9 mars 2023
Frank Maet
Senior Macro Economist @Belfius
Véronique Goossens
Chief Economist @Belfius
L'année a mieux commencé que prévu pour l’industrie en Allemagne. En janvier, la production des entreprises industrielles chez nos voisins de l’Est a augmenté de 3,5%. Ce qui a largement compensé la baisse de décembre (- 2,4%). La croissance plus soutenue que prévu a été tirée par le secteur chimique et une solide production d'appareils électroniques. Sur une base annuelle, la production industrielle reste 1,6% au-dessous du niveau d’il y a un an, juste avant l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Compte tenu de la gravité de la crise énergétique et de la grande dépendance au gaz russe au début de la guerre, ce n’est vraiment pas un mauvais résultat pour l’industrie allemande.
L’amélioration du climat industriel ressortait déjà en février des sondages menés auprès des entreprises par le fameux institut IFO. Alors qu’en décembre, de nombreuses entreprises grandes consommatrices d'énergie limitaient volontairement la production afin d'économiser sur la facture de gaz, la baisse sensible du prix du gaz ces derniers mois a apporté un réel soulagement et relancé l’activité. De même, les plafonds des prix de l’énergie introduits par l’État en 2023 soutiennent la confiance. Afin de protéger les entreprises et les ménages contre le coût élevé de l’énergie, un ‘Gaspreisbremse’ entrera en vigueur dès ce mois de mars. Il plafonnera le prix du gaz avec effet rétroactif à partir du 1er janvier 2023. Concrètement, cela implique pour les entreprises un prix maximal de 7 eurocent/kilowattheure pour 70% de la consommation. Le prix de l’électricité sera lui aussi plafonné.
Les préoccupations liées au coût de l’énergie ne sont pas les seules à s’être atténuées. Les entrepreneurs allemands déclarent que les pénuries de matériaux et de personnel sont moins aiguës. En moyenne, les entreprises allemandes évaluent donc leur situation plus positivement qu’à la fin de l’an dernier, même si l’on reste prudent dans les secteurs axés sur le marché de la consommation. En effet, la production a de nouveau fléchi auprès des constructeurs automobiles et fabricants de biens de consommation. L’inflation élevée et la remontée des taux d’intérêt incitent bon nombre de consommateurs à repousser leurs gros achats.
En janvier, les ventes des magasins ont diminué pour le second mois consécutif parce que les ménages pâtissent de l’inflation, qui reste élevée depuis plus longtemps que dans le reste de la zone euro. En Allemagne, l’inflation pour les consommateurs a de nouveau grimpé en février à 9,3%, mais la pression sur les prix devrait selon nous bientôt s'alléger. Une enquête récente révèle que nettement moins d’entreprises allemandes ont l’intention d'augmenter leurs prix au cours des trois prochains mois.
Les attentes de prix des entreprises ont déjà fléchi en février pour le cinquième mois consécutif, ce qui devrait se traduire au printemps par une baisse des prix en magasin.
La relance des chiffres de production en janvier suggère que l’industrie allemande résiste mieux que prévu début 2023. Ce qui réduit le risque d'une récession économique au premier semestre. La faiblesse persistante au niveau des dépenses des ménages démontre cependant que la crise énergétique de l’an dernier et l’inflation élevée qui a suivi pèsent toujours lourdement sur l’économie allemande.
Le graphique ci-dessous illustre l’évolution de la production industrielle et des ventes au détail en Allemagne.
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