Nicolas Deltour
Head of Investment Strategy
26 juillet 2023
Nicolas Deltour
Head of Investment Strategy
Au-delà des résultats d’entreprises, en ce mois de juillet, les stratégistes scrutent la macroéconomie pour anticiper les décisions des banques centrales.
Ce 18 juillet, deux indicateurs macroéconomiques américains, très suivis par les marchés, ont confirmé le ralentissement économique que les autorités monétaires s’emploient à provoquer depuis maintenant plus d’un an.
Tant les ventes au détail que la production industrielle pointent dans la même direction.
Certes les ventes au détail US sont en hausse au mois de juin, mais cette hausse reste modeste : 0,2% d’un mois à l’autre, alors que le marché attendait 0,5%.
Parmi les principaux périmètres de cette baisse, les ventes de matériaux de construction, en chute de 1,2%. L’achat et la rénovation immobilière sont en berne.
Les taux d’intérêt continuent à faire mal aux ménages aux Etats-Unis, en particulier dans l’achat et la rénovation du logement familial. Le coût d’un crédit hypothécaire y crève les plafonds ; 7% est devenu un taux banal outre Atlantique, et les conditions se resserrent.
Elément de réconfort pour les ménages américains : l’inflation semble enfin fléchir. Mais celle-ci va en fait de pair avec un marché de l’emploi en pleine détente, avec lui un frein à la croissance des revenus réels des travailleurs.
Le consommateur US n’est donc pas près de prendre le relai pour soutenir la croissance, d’autant de l’excès d’épargne accumulé pendant la pandémie, et qui avait favorisé la reprise, est aujourd’hui presque intégralement épuisé.
Pour l’industrie américaine, le tableau n’est pas meilleur. Outre la consommation en berne, l’industrie doit elle aussi faire face à des coûts de financement élevés, des conditions plus strictes, et une économie réelle mondiale en ralentissement.
L’Europe peine à concrétiser sa reprise, après un choc énergétique qui laisse encore des traces, et les à-coups de la réouverture asiatique ne cessent de décevoir. Le reste du monde n’est donc pas plus porteur. Résultat : une production industrielle américaine en baisse de 0,5% pour le mois de juin.
Est-ce une surprise ? Pas vraiment. Les enquêtes de confiance pour le secteur manufacturier annoncent la couleur depuis un moment.
Le niveau de l'indice ISM (indice de confiance des directeurs d’achat) de la production industrielle est sans ambiguïté.
Ici encore, tant que ni les consommateurs ni les exportations ne présentent des signes de rebond, la tendance ne peut s’inverser.
5% de croissance en Chine.
En Europe, cela ferait rêver. Mais pour la deuxième puissance économique mondiale, c’est insuffisant. Les autorités chinoises déploient les grands moyens pour relancer la consommation sur leur territoire. Il faut bien reconnaître que les effets de cette politique tardent à se faire sentir. La démographie chinoise, particulièrement déficitaire, semble embourber toute tentative de relance.
Pourtant, l’Occident comptait beaucoup sur ce marché, dont le cycle économique est en net décalage avec celui des autres grands blocs. Mais le salut ne viendra donc pas non plus de ce côté.
Les valeurs cycliques, dont le secteur du luxe, ont d’ailleurs connu un tassement lors des dernières publications économiques chinoises.
Aussi paradoxal que cela puisse paraître, tout ceci ne constitue pas une si mauvaise nouvelle pour les marchés. Le 18 juillet, à l’annonce des ventes au détail et de la production industrielle aux Etats-Unis, le S&P500 était… en légère hausse.
Ce mouvement confirme ainsi l’adage du moment : « bad news is good news ».
Au plus la courroie de distribution entre le resserrement monétaire et le frein à l’économie fonctionne, au plus l’inflation devra fléchir, et au plus vite les banques centrales pourront relâcher la pression. Et au plus vite les activités économiques retrouveront leur cours normal.
D’après les indicateurs parus en juillet, elle fonctionne, cette courroie…
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