Nicolas Deltour
Head of Investment Strategy
Frédéric Heirebaudt
Investment Strategy
28 août 2023
Nicolas Deltour
Head of Investment Strategy
Frédéric Heirebaudt
Investment Strategy
Ces derniers mois, les pays émergents sont souvent présentés comme un puissant facteur de diversification géographique. Leur croissance reste bien supérieure à celles des Etats-Unis ou de l’Europe, et certains de ces pays ont peu de problème d’inflation.
Par facilité, de nombreux investisseurs scrutent le potentiel de la Chine pour en tirer leurs conclusions quant à l’ensemble de ces blocs économiques. Et pourtant, de plus en plus, le monde émergent recouvre une réalité bien plus vaste, et hétérogène.
A titre d’exemple, nous vous proposons d’étudier le cas de l’Inde, dont la population est déjà la plus nombreuse du monde, dont l’économie est de plus en plus importante, et, en corolaire, dont le poids dans les fonds dédiés aux pays émergents est de plus en plus grand.
L’indice MSCI Emerging Markets, souvent abrégé MSCI EM, est un indice créé par la société MSCI en 1988. Il couvre les bourses des pays en voie de développement. L’Inde représente environ 14% de l’indice MSCI Emerging Markets. Selon une étude récente de Bloomberg, le marché indien détient le record mondial du nombre d’actions dont la valeur a été multipliée par 10 sur la décennie écoulée (les « 10x baggers »- sont définies comme les valeurs dont le cours a été multiplié par dix au cours des dix dernières années). Le graphique ci-dessous vous montre la magnifique performance du MSCI India au cours de ces 30 dernières années en dollar américains.
Les rendements du passé ne constituent pas des indicateurs fiables des rendements futurs.
Le pays a plusieurs cordes à son arc. Il détient des réserves de matières premières non négligeables, du pétrole et des pierres précieuses. Il est aussi un important producteur agricole. Mais surtout, l’Inde a su développer une véritable filière dans le secteur des technologies de l’information et dans l’industrie de la santé, ce qui en fait un cas à part parmi les pays en développement.
Cette année, l'Inde est devenue le pays le plus peuplé du monde, avec 1,4 milliard d'habitants. En 2100, il y aura deux fois plus d'Indiens que de Chinois (1,6 milliard contre 800 millions). L'Inde forme déjà un demi-million d'ingénieurs par an, dont beaucoup dans les technologies de l'information. Le nombre de demandes de brevets technologiques a décuplé en deux décennies, passant de 2.200 en 2000 à 23.000 en 2020, et le nombre d'articles dans des revues scientifiques et techniques de 21.000 à 135.000 sur la même période.
Le marché boursier indien continue de croître et a dépassé les niveaux de capitalisation boursière qui prévalaient fin 2022. La valeur du marché boursier a augmenté de 440 milliards de dollars au deuxième trimestre 2023.
Les investisseurs internationaux adhèrent de plus en plus à l'idée que le pays est sur le point de dépasser la Chine en tant que moteur de la croissance économique mondiale, l'Inde étant beaucoup moins exposée aux risques géopolitiques que son « voisin » chinois.
Le potentiel de croissance est également reconnu par les gérants de portefeuille de longue date. Il s'agit d'abord d'une place boursière importante: Goldman Sachs estime que Bombay pourrait devenir la cinquième bourse au monde d'ici à 2024 avec 5.000 milliards de dollars de capitalisation boursière.
Voici quelques chiffres économiques importants qui prouvent que la bonne performance historique du marché Indien n’est pas dû au hasard:
Au cours des dernières années, plusieurs réformes cruciales axées sur l’offre ont été mises en œuvre, qui pourraient mettre l’Inde sur la voie d’une croissance économique durable.
Les taux d’imposition des sociétés ont été réduits de 25% à 15%, et plusieurs programmes d’incitation liés à la production ont été mis en place. Le gouvernement continue donc d’investir, favorisant la demande intérieure. Entre 450 et 550 millions de personnes devraient rejoindre la classe moyenne d'ici à 2030, selon le cabinet Bain.
Le pays a également bénéficié d’un environnement extérieur favorable et de la diversification des chaînes d’approvisionnement mondiales, qui a entraîné une augmentation des investissements directs étrangers.
En 2023 l’Inde devrait être la seule grande économie à afficher une forte croissance de son Produit Intérieur Brut réel, à un niveau d’environ 7%, soit environ 22% de la croissance mondiale. Elle semble également très bien placée pour enregistrer une croissance durable de son PIB réel, de l’ordre de 6-7% par an sur plusieurs années. Ce qui est vraiment excellent est nettement au-dessus de la moyenne des pays développés.
Pour investir sur ce marché prometteur, les investisseurs font cependant face à ce qui semble être une difficulté de taille: les valorisations des actions ont atteint des sommets. Le marché indien est cher, oui, mais il l'a toujours été ! Historiquement, il affiche une prime de l'ordre 40 à 45% par rapport aux ratios de cours sur bénéfices du monde émergent. Selon Refinitiv datastream le rapport cours bénéfice de l’indice Indien est de 23.01 alors que la moyenne des pays Emergents se situe plutôt vers les 13.167. La différence (le spread) est donc historiquement très élevé.
Cette prime peut être en partie justifiée par le potentiel de croissance du pays, une meilleure profitabilité des entreprises, un marché d'investisseurs domestiques solide et une proximité avec le monde anglo-saxon.
Au niveau sectoriel, l’indice MSCI India présente une belle diversification mais est dominé par les Financières, la Technologie et l’Energie. Le pays est donc bien placé pour profiter de thématiques intéressantes comme la transition énergétique.
L’Inde s’est engagée au sommet de la COP26 à réduire ses émissions de carbone et à augmenter la part de ses énergies renouvelables. Pour un pays qui fait face à des besoins énergétiques en croissance rapide, il devient cependant impératif qu’une plus grande proportion (près des 2/3 d’ici la fin de cette décennie !) de la nouvelle offre énergétique provienne de sources propres, principalement le solaire, les biocarburants et l’hydrogène. Cela pourrait créer des opportunités d’investissement d’environ 700 milliards de dollars US dans les énergies renouvelables. (source: Candriam)
Mais également les services numériques: les exportateurs de services indiens pourraient trouver dans les solutions numériques un nouveau moteur de croissance, avec un potentiel de triplement en valeur au cours des dix prochaines années, soit à terme plus de 500 milliards de dollars US. (source: Candriam) Les bénéficiaires de cette tendance lourde seront les grandes entreprises informatiques indiennes mais aussi les acteurs spécialisés dans les solutions numériques de niche.
Enfin, au niveau des performances (en dollar) le tableau ci-dessous montre que l’indice MSCI India a fait nettement mieux que la moyenne de ses concurrents Emergents depuis une dizaine d’années.(rendements net sur 3, 5 , 10 ans et depuis fin décembre 2000)
Les rendements du passé ne constituent pas des indicateurs fiables des rendements futurs.
Source: Gavekal
En conclusion, si il est parfois difficile de prédire les mouvements du marché à court et moyen terme, une chose est claire, l’Inde nous semble une idée d’investissement intéressante à long terme et une diversification indispensable dans le monde émergents.
On retrouve également ce pays dans les solutions spécifiques aux pays émergents. Consultez votre conseiller pour plus de détails.
Ce document, rédigé et publié par Belfius Banque, donne la vision de Belfius Banque sur les marchés financiers. Il ne contient pas de conseil ou de recommandation d’investissement personnalisé(e), ni d’analyse indépendante en matière d’investissement. N'hésitez pas à contacter votre conseiller financier si vous désirez recevoir des conseils d’investissement personnalisés. Il se fera un plaisir d’examiner avec vous les conséquences éventuelles de cette vision sur votre portefeuille personnel d’investissements. Les chiffres mentionnés reflètent une situation à un moment donné et sont susceptibles d’être modifiés.
Les rendements du passé, les simulations de rendements du passé et les prévisions de rendements futurs d'un instrument financier, d'un indice financier, d'une stratégie ou d’un service d'investissement ne constituent pas des indicateurs fiables des rendements futurs. Les rendements bruts peuvent être influencés par des commissions, frais et autres charges. Les rendements libellés dans une autre devise que celle de l’État de résidence de l’investisseur sont soumis à des fluctuations du cours de change, qui peuvent avoir un impact positif ou négatif sur les plus-values.