13 septembre 2023

Nicolas Deltour

Nicolas Deltour
Head of Investment Strategy

Philippe Evrard

Philippe Evrard
Investment Strategy


Le 24 août dernier, le 15e sommet annuel des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) a étonné la planète entière avec l’annonce d’un élargissement important des pays membres : à partir de 2024, seront également accueillis l'Iran, l'Argentine, l'Egypte, l'Ethiopie, l'Arabie Saoudite et les Émirats arabes unis.


Vous avez dit BRICS?


Un sommet annuel réunit chaque année les représentants de ces pays dits « émergents » pour discuter de sujets divers et variés. L’objectif avéré est de former un contre-poids suffisamment costaud par rapport à la prépondérance des pays dits développés (USA et Europe principalement) dans la fixation des règles internationales (ONU, OMC, Banque Mondiale, Fonds Monétaire International…).


En 2023, le bloc des BRICS pèse désormais pour plus de 31,5 % du PIB mondial, ce qui dépasse le poids cumulé des pays du G7, à savoir les USA, la France, le Royaume-Uni, le Canada, l’Australie, le Japon et l’Allemagne (30,7 % du PIB mondial).


Il est à noter qu’il n’y a aucune structure BRICS (hormis une banque d’aide au développement) : il n’y a pas de statut officiel et ce n’est pas une union entre pays (contrairement au G7). Les pays membres des BRICS partagent dans la réalité peu de caractéristiques communes (régime politique, institutions locales, économies différentes, etc).


Elargissement et géopolitique


Même si on peut voir l’existence des BRICS comme étant une forme de contre-pouvoir au G7, il faut également lire cet élargissement au travers d’autres axes de lecture :

  • Le match USA – Chine : l’élargissement permet à l’Empire du Milieu d’étendre progressivement sa sphère d’influence, notamment vis-à-vis de l’Afrique du Sud
  • Le match Inde – Chine : Qui sera le champion émergent ?
  • Les relations en interne : L’Arabie Saoudite a de bonnes relations avec les États-Unis, mais des relations plus tendues avec l’Iran ; l’Éthiopie est considérée comme un pays leader dans l’Union Africaine, son entrée se fera-t-elle au détriment de l’influence de l’Afrique du Sud sur le continent africain ? Idem pour l’arrivée de l’Argentine par rapport au Brésil, etc.

Elargissement et pétrole


Avec l’intégration de l’Iran, de l’Arabie Saoudite et des Émirats Arabes Unis, les BRICS nouvelle formule pèseront pour plus de 40% de la production mondiale de pétrole (en y ajoutant la Russie).

Leur influence sur l’Organisation des Pays Producteurs de Pétrole (OPEP) devrait être grandissante, tenant compte également du fait que les pays membres de l’OPEP sont tous des pays émergents, et que la Chine et l’Inde sont les deuxième et troisième consommateurs de pétrole, derrière les États-Unis.


Elargissement et métaux rares


L’impact sur l’énergie et sur les ressources naturelles de cet élargissement ne sera pas anodin : L’Iran est un gros producteur de zinc, de cuivre, de titane, de fer, d’or, d’argent…, l’Arabie Saoudite de cuivre, de phosphate, de zinc, d’or, d’argent, l’Argentine de lithium, l’Ethiopie de lithium, de graphite, de tantale…

Les clés de la transition énergétique passeront par eux. Une diplomatie de l’énergie devrait voir le jour au même titre qu’une diplomatie du pétrole est née il y a cinquante ans, lors des premiers chocs pétroliers.


Quelles réactions des pays développés attendre par rapport aux métaux rares?


Outre ces aspects diplomatiques, les pays développés détiennent également le know-how sur l’extraction et l’utilisation de ces métaux rares. Dans la quête de la décarbonation de nos sociétés, les stratégies de réutilisation de ces matières premières prennent de l’ampleur. L’économie circulaire prend de plus en plus d’importance.

Cela se traduit à un niveau politique:

  • L’Inflation Reduction Act aux USA vise à verduriser des pans entiers de l’économie américaine, dont l’électrification des transports
  • Le Critical Raw Materials Act mis en place par la Commission Européenne vise à mettre en place des filières de retraitement pour ce métaux rares
  • Le "Plan Fédéral pour Une Economie Circulaire » est opérationnel en Belgique depuis 2021Het "Federaal Plan voor een Circulaire Economie" is in België operationeel sinds 2021.

Tous ces plans vont permettre à de nombreux projets entrepreneuriaux de voir le jour ou d’être amplifiés. Le marché de l’économie circulaire devrait en effet peser 4 500 milliards $ d’ici 2030.


En résumé


Cet élargissement aura probablement peu de répercussions sur l’équilibre mondial dans un horizon proche. Mais il n’est pas non plus à sous-estimer. Le poids de ce BRICS élargi, tant au niveau de la population mondiale qu’au niveau économique et qu’au niveau de l’accès aux ressources naturelles – pétrole compris – implique probablement un bouleversement progressif des échanges mondiaux. Pour un mieux?



Ce document, rédigé et publié par Belfius Banque, donne la vision de Belfius Banque et ne contient pas de conseil en investissement personnalisé, pas de recommandation d’investissement, ni de recherche indépendante en matière d’investissement. Si vous êtes à la recherche de conseils en investissement personnalisés, vous pouvez vous adresser à votre conseiller financier qui se fera un plaisir d’examiner avec vous les effets éventuels de cette vision sur votre portefeuille d’investissements personnel. Les chiffres mentionnés sont des instantanés et sont susceptibles d’évoluer.