23 décembre 2024

Nicolas Deltour

Nicolas Deltour
Head of Investment Strategy

Robbe Van Hauwermeiren

Robbe Van Hauwermeiren
Investment Strategy



La banque centrale américaine a de nouveau abaissé le taux la semaine dernière. Cette décision correspond tout à fait aux attentes du marché. Mais le marché américain a quand même chuté fortement le jour de la décision. En effet, la Réserve fédérale a laissé entendre qu’elle ne prévoit que deux baisses de taux en 2025. Il faut remarquer qu’il existe une dissension au sein de la Fed concernant la politique menée. Que doivent en conclure les investisseurs?


Rétrospective


L'inflation élevée après la pandémie de Covid a contraint la Fed à augmenter fortement le taux en 2022. Le principal objectif de la Fed est effectivement d'assurer la stabilité des prix, une instabilité ou une forte hausse des prix étant néfastes pour l’économie. Elles entraînent une perte de pouvoir d'achat. Elles conduisent également à un comportement imprévisible des consommateurs, qui doivent soudain faire des économies sur certains produits, ce qui peut avoir une incidence sur les bénéfices des entreprises.

Afin de stabiliser les prix en hausse, la banque centrale doit freiner l’économie. C’est ce qu’elle fait en augmentant le taux, comme en 2022. Depuis le début des hausses de taux, l’inflation a fortement baissé, passant de 9% à presque 2% en septembre. Il semble dès lors que la Fed ait quasi rempli sa mission. Il est donc relativement logique que la Fed abaisse à nouveau les taux historiquement élevés.

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L'orientation est claire, le rythme incertain


Quoique l’orientation soit claire, l'incertitude règne quant au tempo. Les esprits critiques soulignent que l’inflation américaine dépasse encore largement l’objectif de 2% et qu'il est dès lors prématuré de déjà réduire le taux trop fortement. En effet, un taux trop bas pourrait réveiller l’inflation. Par ailleurs, une diminution trop lente du taux pourrait entraîner des problèmes économiques, voire même éventuellement une récession. Un exercice d'équilibre difficile pour la banque centrale. En Europe, où l’inflation est plus basse et la croissance économique quasi inexistante, la tâche de la Banque centrale européenne est beaucoup plus aisée. La BCE doit abaisser le taux pour relancer l’économie.

Les membres de la Réserve fédérale, qui partagent chaque trimestre leurs attentes quant au taux directeur futur, tablent en moyenne sur 2 réductions de taux seulement en 2025. Ce chiffre est inférieur aux attentes du marché, ce qui a entraîné une chute le jour de l’annonce.



Dissensions au sein de la Fed?


Bien que la Réserve fédérale ait décidé de réduire le taux, il existe un désaccord entre les membres. Jerome Powell, président de la banque centrale, a laissé entendre, lors de sa conférence de presse, que la décision de réduire le taux a été prise de justesse. Pour le troisième mois de suite, un membre du comité a voté contre la baisse de taux.

Cette dissension au sein de la Réserve fédérale est relativement inhabituelle. La baisse de taux en septembre de cette année est la première à ne pas avoir été votée à l’unanimité depuis 2005. Les votes divergents sont relativement rares au sein de la Réserve fédérale car cela génère une mauvaise perception. Cela donne l’impression que la Réserve fédérale ne sait pas bien elle-même quelle est la bonne politique, ce qui sème l’incertitude sur les marchés.



Pourquoi l'incertitude est un bon signe


En soi, le désaccord au sein de la Fed n’est pas si surprenant. L’objectif de la Réserve fédérale était de freiner suffisamment l’économie pour que les prix se stabilisent, mais pas trop pour que l’économie ne tombe pas en récession. Alors que, d'un point de vue historique, cela ne réussit quasi jamais, la Fed est cette fois arrivée à trouver le juste équilibre. Le maintien de cet équilibre difficile va toujours de pair avec l’incertitude. Dans la zone euro, où l’inflation a fléchi plus fortement et la croissance économique est retombée quasi à 0, le parcours futur de la BCE est beaucoup plus évident. Mais il est peu probable que la Fed en soit jalouse.

D'une certaine manière, le désaccord au sein de la Fed et l'incertitude sur le marché sont le signe que la Fed maintient un bon équilibre. Elle freine suffisamment l'économie pour lutter contre l'inflation, mais elle est suffisamment retenue pour ne pas trop ralentir l'économie. Si la Fed avait déjà trop erré dans un sens ou dans l'autre, la voie aurait été beaucoup plus claire aujourd'hui.



Stratégie d'investissement


Les actions américaines demeurent une conviction importante dans le cadre de la stratégie d'investissement de Belfius. Aux USA, les perspectives de croissance restent très fortes, poussées par le secteur technologique puissant américain.

L'incertitude quant à la politique monétaire américaine pourrait continuer à alimenter la volatilité. Mais bien investir va de pair avec la gestion de l’incertitude. Ce qui est sûr, c’est que l’économie et le marché du travail se portent bien aux USA. Si cela implique que les marchés sont quelque peu dubitatifs quant à la future politique de taux de la Fed, il faut bien l'admettre.



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