Le succès fulgurant de ChatGPT a poussé les entreprises technologiques à accélérer le développement de leurs propres modèles d’intelligence artificielle. Dans cette course effrénée, la domination sur internet est également en jeu et des géants tels que Microsoft, Alphabet et Meta1 redoublent d’efforts pour gagner la bataille. Explication.
ChatGPT et la course à l’IA
Le succès de ChatGPT a provoqué une onde de choc dans le secteur technologique. L’impact de ce chatbot révolutionnaire a été si spectaculaire qu’il a incité de nombreuses entreprises à repousser leurs limites dans le développement de leurs propres modèles d’intelligence artificielle (IA).
Bien sûr, avant le lancement de ChatGPT 3.5, celles-ci intégraient déjà des applications d’IA dans de nombreux produits existants. Google, par exemple, utilise la technologie IA dans son moteur de recherche, Google Maps ou Google Photos. Et Salesforce recourt également à cette technologie notamment pour augmenter la productivité de ses travailleurs.
L’arrivée de ChatGPT a en effet fondamentalement changé la donne. Sa popularité démontre clairement un besoin élevé de communication directe entre les consommateurs et l’IA. Deux mois seulement après son lancement, le programme comptait déjà plus de 30 millions d’utilisateurs, avec près de 5 millions de consultations par jour sur le site web. Cette croissance est l'une des plus rapides jamais enregistrées pour un logiciel.
L’intelligence artificielle est désormais devenue un produit à part entière, plutôt qu’une simple technologie utilisée en support des produits existants. Selon les rumeurs persistantes, le CEO de Google, Sundar Pichai, aurait même annoncé en interne la phase d’alerte, surnommée «code rouge», en réponse à l'essor de ChatGPT.
La puissance de calcul: le nouvel or noir
Un logiciel d’intelligence artificielle utilise d'énormes quantités de données pour s’améliorer et se former. Cette méthode présente de nombreux avantages, mais présente également des inconvénients en termes d'efficacité. Le traitement de telles quantités de données nécessite une énorme puissance de calcul, qui est généralement fournie par des microprocesseurs. La course à l’IA a donc engendré une forte demande de ces puces électroniques, ce qui a entraîné d'importantes pénuries sur le marché.
Les fabricants de puces tels que Nvidia possèdent le carburant essentiel pour l'application de modèles IA: la puissance de calcul. Ces entreprises ont donc vu leur valeur boursière augmenter considérablement en 2023. En raison du savoir-faire technique nécessaire pour concevoir ces puces, de nouveaux acteurs ou même certains concurrents ont du mal à les rattraper.
La pénurie de puces joue-t-elle en faveur de la Big Tech?
Nvidia n’est pas le seul acteur à bénéficier de cette frénésie. De nombreuses applications IA font également appel à des services de cloud computing pour assurer la puissance de calcul nécessaire, tels que Microsoft Azure ou Amazon Web Services. Avec la pénurie de microprocesseurs, la valeur de cette puissance de calcul détenue par ces entreprises est devenue encore plus précieuse. Ainsi, des entreprises telles que Microsoft, Amazon et Google peuvent profiter de façon double de la course à l’intelligence artificielle. D’une part, les applications IA peuvent considérablement améliorer leur gamme de produits. Et d’autre part, leur offre de services cloud fournit la puissance de calcul nécessaire au développement d’applications IA.
Les modèles IA sont en effet principalement basés sur des algorithmes et des mathématiques. En théorie, cela pourrait permettre aux nouveaux acteurs de défier aisément les grandes entreprises technologiques. Cependant, la pénurie de puces électroniques les en empêche.
Effectivement, une entreprise comme Nvidia domine le marché des GPU (graphic processing units), qui sont particulièrement adaptés aux applications d'intelligence artificielle.
La production de ces puces ne peut pas suivre la demande croissante. Dans de telles circonstances, les fabricants ont tendance à donner la priorité à leurs principaux clients, qui sont généralement les grandes entreprises technologiques. Cela signifie que les petits acteurs ont un accès limité aux puces (et donc à la puissance de calcul), les obligeant à collaborer avec de grandes entreprises technologiques qui possèdent déjà une infrastructure de centre de données. Cette dynamique permet aux géants du secteur technologique de protéger leur position dominante sur ce marché.