Frank Maet
Senior Macro Economist @Belfius
Véronique Goossens
Chief Economist @Belfius
Tout comme le continent européen, le Royaume-Uni se prépare à une sortie progressive du confinement. Les préoccupations liées au Covid-19 ont relégué au second plan une autre sortie, celle des Britanniques de l’U.E. Le virus a littéralement contaminé les ténors des discussions sur le Brexit: les principaux négociateurs de l’U.E. et du Royaume-Uni, Michel Barnier et David Frost, ont été mis hors-jeu pour quelque temps, à l’instar du Premier Ministre, Boris Johnson. Néanmoins, les négociations prévues se poursuivent comme prévu, mais à présent en vidéoconférence, car le temps presse. Avant le 1er juillet, les deux parties doivent décider si elles veulent prolonger la période transitoire de un ou deux ans ou si elles veulent quand même encore tout régler cette année.
L’économie britannique est durement touchée par la pandémie et une prolongation semble dès lors un choix logique. Selon les sondages, une large majorité des Britanniques (77%) est favorable à un report de la date butoir du 31 décembre. Les dirigeants d’entreprise veulent plus de temps parce qu’un Brexit sans accord signifierait un deuxième sérieux revers économique. Mais sous la direction du Premier Ministre Boris Johnson, le gouvernement britannique ne cède pas et la prolongation de la phase transitoire n’est pas une option.
Ces derniers temps, les négociateurs ont enregistré peu de progrès dans les principaux dossiers du Brexit. L’U.E. propose un traité de libre-échange sans quotas ni tarifs sur toutes les marchandises vendues, un accord sur le Brexit donc qui porterait peu préjudice à la croissance économique. Mais uniquement en cas de ‘level playing field’ entre les deux partenaires. Cela signifie que le Royaume-Uni doit suivre les règles du jeu européennes en matière de protection de l’environnement, de législation du travail et de conditions pour obtenir une aide de l’État. Cela va cependant trop loin pour le gouvernement britannique, qui veut être son propre maître. Les vues divergent considérablement entre les deux camps à propos de la future relation politique après 2020. L’U.E. veut un accord complet avec une seule méthode pour résoudre efficacement les litiges, mais les Britanniques veulent négocier séparément chaque thème. En outre, le Royaume-Uni. continue de contester la compétence de la Cour européenne de justice dans divers domaines, comme la protection des données à caractère personnel.
Il semble improbable qu’en moins de huit mois, une solution puisse être trouvée à toutes ces pommes de discorde. Tout comme chaque pays de l’Union européenne, le Royaume-Uni s’enfonce toujours plus dans une profonde récession. La priorité doit être la crise du Covid-19 et cette prise de conscience grandit progressivement, même dans le camp de ceux qui sont favorables à un Brexit dur. La pression sur Downing Street pour reporter d’au moins un an les négociations sur le Brexit se fait davantage sentir lors de la publication de chaque rapport chiffré qui apporte la preuve de l’érosion de l’économie britannique.
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