Frank Maet
Senior Macro Economist @Belfius
Véronique Goossens
Chief Economist @Belfius
Selon le Fonds Monétaire International (FMI), le dommage pour l’économie mondiale en 2020 et 2021 se monte à quelque 12.000 milliards de dollars. Dans une mise à jour de ses perspectives, le service d’études du fonds monétaire esquisse une image glaçante de l’économie mondiale. Selon l’économiste en chef, Gita Gopinath, la récession à la suite du « Grand Lockdown » sera plus sévère et la reprise sera plus lente que prévu en avril. C’est la première fois que tous les continents sont en récession en même temps, ce qui entraîne une contraction de l’économie mondiale de près de 5 % cette année. L’économiste en chef indienne du FMI s’attend à une baisse du niveau de vie dans 95 % des pays.
Après le coup dur du deuxième trimestre, le Fonds monétaire prévoit une reprise de l’activité à partir de l’été, mais elle sera lente et inégale. Pas de relance économique en forme de V dès lors, mais plutôt un « swoosh », également connu comme étant le logo d’un fabricant de chaussures de sport américain. En 2021, l’économie mondiale enregistrerait à nouveau une croissance de 5,4 % mais de nombreux facteurs d’incertitude pèsent encore sur ces prévisions. À court terme, le succès médical dans la lutte contre le virus reste évidemment la condition la plus importante pour la reprise économique. La force ou la fragilité de la relance mondiale en 2021 dépendra aussi fortement de la résilience du commerce international. Les tensions géopolitiques croissantes et les conflits commerciaux entre les USA, la Chine et l’UE pourraient tout gâcher.
Le FMI fait l’éloge de l’approche dynamique de la crise par les autorités nationales, qui a réussi à prévenir une vague de faillites et qui protège le revenu des ménages. La plupart des pays rouvrent entre-temps leur économie mais une cessation brutale des mesures de soutien n’est pas une bonne idée. Le risque d’une récession en double dip est trop important pour ce faire. Le Fonds monétaire reconnaît le rôle important des banques centrales, qui ont évité une crise sévère des marchés financiers grâce à des injections monétaires massives. Il semble que la confiance des investisseurs se rétablisse, surtout aux USA, où les indices d’actions enregistrent un mouvement de rattrapage impressionnant en avril et mai. Mais toute médaille a son revers. Dans son rapport semestriel sur les marchés financiers, le FMI souligne le risque d’apparition d’un clivage entre l’économie réelle (« Main Street ») et le sentiment positif à Wall Street. S’il s’avère que les prévisions des investisseurs sont trop optimistes, le stress financier pourrait à nouveau entraver la relance économique.