Frank Maet
Senior Macro Economist @Belfius
Véronique Goossens
Chief Economist @Belfius
Après un deuxième trimestre catastrophique, la reprise américaine demeure timide, et semble même décélérer. Ce message figure dans le Beige Book, un rapport qui paraît huit fois par an et livre un aperçu de l’évolution économique dans 12 districts des États-Unis. Les investisseurs suivent tout particulièrement le rapport afin de connaître les intentions de la banque centrale. Le taux d’intérêt étant déjà à zéro, on attend de voir quelles nouveautés la Fed envisage pour redynamiser la frêle relance.
Récemment, elle a déjà modifié subtilement sa stratégie monétaire. L’objectif en matière d’inflation de 2% est maintenu, mais l’inflation peut désormais fluctuer un peu plus autour de ce niveau. Ce qui implique que la Fed peut maintenir plus longtemps le taux d’intérêt à zéro, même si l’inflation grimpe pour atteindre 2%. Elle pourra ainsi encore poursuivre sa politique de relance un certain temps après le Covid-19, même si la demande et l’inflation repartent à la hausse. De plus, la situation sur le marché de l’emploi est observée encore plus attentivement qu'avant. À cet égard, la Fed vise un «emploi maximal» et vérifie plus que jamais si l’ensemble des sous-secteurs et groupes de revenus profitent suffisamment d’un redressement.
Une solide création d’emplois ne semble certes pas encore pour tout de suite. Les dégâts énormes survenus cette année ont déjà été compensés en partie, mais le taux de chômage reste temporairement proche de 10%. La peur de perdre son travail règne donc toujours et fait d’autant plus vaciller la confiance des consommateurs qu’elle est renforcée par la recrudescence des contaminations en juillet. Qui plus est, les subventions publiques tarissent. L'allocation de chômage de 600 dollars par semaine a pris fin en juillet, et n’est provisoirement pas renouvelée. Au Congrès américain, Républicains et Démocrates ne parviennent pas à se mettre d'accord sur un nouveau train de dépenses fiscales. Les marchés financiers tablent néanmoins sur de nouvelles mesures de soutien à raison d’au moins 1500 milliards de dollars. Sans nouvelle aide aux revenus, la relance menace d'échouer, car il est trop tôt pour que le consommateur américain se débrouille seul.