Macro Outlook mai: report de la baisse de taux aux États-Unis

17 mai 2024

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Frank Maet
Senior Macro Economist @Belfius


Véronique Goossens
Chief Economist @Belfius

Les États-Unis reportent la baisse de taux prévue à après l’été

L’économie américaine se refroidit après l’expansion impressionnante de la fin de l’an dernier. Une diminution des exportations et des stocks des entreprises a entraîné un recul de la croissance du PIB au premier trimestre. Heureusement, la demande domestique américaine reste toujours en pleine forme. Les ménages épargnent moins, de sorte que la consommation ne cesse d’augmenter. De même, les perspectives concernant les investissements des entreprises ont continué à s’éclaircir.

Malheureusement, la pression inflationniste reste (trop) élevée aux États-Unis, reportant ainsi une baisse de taux. L’inflation des prix à la consommation s’est accélérée aux États-Unis pour le deuxième mois consécutif à 3,5 pour cent.2 La pression inflationniste a surtout progressé en raison de la hausse des prix de l’énergie et des loyers sur le marché immobilier. La demande sur le marché de l’emploi était plus importante que prévu de janvier à mars, de sorte que l’inflation salariale est restée élevée. En raison de l’inflation soutenue, la banque centrale se montre dès lors beaucoup plus prudente qu’au début de cette année quant à une éventuelle baisse de taux. Les marchés financiers ont ainsi balayé d’un revers de la main la possibilité que la Banque centrale américaine réduise déjà le taux en juin. Nous tablons sur un nouveau refroidissement de la pression inflationniste ces prochains mois, ce qui ouvre la porte à une diminution de taux lors de la réunion de septembre. C’est ainsi que le rapport sur le marché de l’emploi d’avril faisait déjà apparaître un ralentissement de la croissance salariale à 3,9 pour cent. C’est la première fois en près de trois ans que l’inflation salariale descend sous la barre des 4 pour cent.2

La direction que prendra l’inflation à partir de 2025 dépendra pour une large part du prochain locataire de la Maison Blanche. Pendant la campagne électorale, Donald Trump a déjà menacé d’augmenter les taxes sur les importations de biens étrangers, ce qui ferait de nouveau flamber l’inflation des prix à la consommation aux États-Unis l’an prochain. D’autres mesures politiques éventuelles du scénario «Trump 2.0», comme la limitation de l’immigration et de nouvelles baisses d’impôt, peuvent faire augmenter l’inflation et engendrer un nouveau cycle de hausses de taux. En revanche, un second mandat de Joe Biden comporte moins de risques d’inflation. Dans ce scénario, de nouvelles diminutions de taux de la Fed sont plus vraisemblables.


La BCE a toujours l’intention de réduire le taux en juin

La zone euro montre enfin les premiers signes de reprise économique. Avec une croissance de 0,3 pour cent au premier trimestre, la zone euro semble tourner la page de la récession du second semestre de 2023.2 Des enquêtes réalisées auprès des entreprises suggèrent que l’industrie est sortie de l’ornière mais qu’une reprise économique solide n’est pas en préparation.

Pour l’instant, les ménages européens restent très prudents et préfèrent épargner plutôt que consommer. Exception faite de l’Italie, les pays de la zone euro épargnent encore toujours plus qu’avant le Covid, parce que les ménages s’inquiètent de leur situation financière et de l’emploi.

La baisse continue de l’inflation soutient les consommateurs européens. En avril, l’inflation générale atteignait 2,4 pour cent, tout comme en mars, mais l’inflation structurelle, qui ne tient pas compte des prix de l’énergie et de l’alimentation, est passée de 2,9 pour cent à 2,7 pour cent. Dans le secteur des services, la pression sur les prix a baissé sous le niveau de 4 pour cent, où elle stagnait depuis cinq mois consécutifs2. C’est une bonne nouvelle pour la BCE qui surveille de très près l’inflation des services. La baisse persistante de la pression sous-jacente sur les prix est un encouragement pour le comité des taux de la Banque centrale à procéder à sa baisse de taux de 0,25 pour cent prévue en juin. Après l’été, nous tiendrons encore compte d’une baisse supplémentaire par la BCE jusqu’au niveau de 3,50 pour cent.1


Plus de soutien de l’État afin de maintenir la reprise chinoise

Tout comme chez nous, l’économie chinoise a mieux presté que prévu au premier trimestre de 2024. Grâce à la reprise du commerce mondial de marchandises et à une hausse des investissements, la croissance a gonflé à 5,2 pour cent2. En avril, l’activité domestique s’est quelque peu ralentie, en raison d’une augmentation plus faible des bénéfices industriels et d’une baisse de la demande de main-d’œuvre. Le gouvernement chinois a toutefois l’intention de préserver la reprise avec l’argent qu’il veut récolter de la nouvelle émission d’obligations d’État. Cela s’était déjà produit fin de l’an dernier. En juillet se tiendra encore une réunion des dirigeants politiques qui mettront l’accent sur des réformes plus profondes qui doivent moderniser l’économie chinoise. Elles sont nécessaires afin de freiner le ralentissement structurel de la croissance du PIB. Pour cette année, nous misons encore sur une croissance économique de 4,7 pour cent, mais nous nous attendons à ce qu’elle ralentisse à 4 pour cent en 2025. À titre de comparaison: au cours de la période 2014-2019, la croissance annuelle moyenne en Chine était encore de 6,8 pour cent1.

Source:
1Strategic Research
2LSEG Datastream


Ce document, rédigé et publié par Belfius Banque, donne la vision de Belfius Banque sur les marchés financiers. Il ne contient pas de conseil ou de recommandation d’investissement personnalisé(e), ni d’analyse indépendante en matière d’investissement. N'hésitez pas à contacter votre conseiller financier si vous désirez recevoir des conseils d’investissement personnalisés. Il se fera un plaisir d’examiner avec vous les conséquences éventuelles de cette vision sur votre portefeuille personnel d’investissements. Les chiffres mentionnés reflètent une situation à un moment donné et sont susceptibles d’être modifiés.

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