D’emblée un demi pour cent en moins: ce qui porte le taux directeur américain à un niveau compris entre 1,0% et 1,25%. La baisse de taux opérée cette semaine par la Réserve fédérale a pris tout le monde au dépourvu. La banque centrale de Washington entend ainsi réagir à la dissémination mondiale du Covid-19 et au malaise sur les marchés financiers. Il s’agit, selon la Réserve fédérale, d’une intervention nécessaire parce que la propagation du virus a considérablement modifié les risques pour la croissance économique. Elle affirme suivre la situation de près et compte bien, si nécessaire, réitérer son geste.
Immédiatement après la diminution du taux, les cours sont repartis à la hausse sur Wall Street, mais l’effet a été de courte durée. À la clôture, les principaux indices d’actions accusaient une perte journalière de presque 3%. Pour la première fois de l’histoire, le taux long (10 ans) américain est passé sous la barre de 1%. De nombreux investisseurs sont visiblement surpris par le timing et l’ampleur de cette baisse soudaine du taux. La dernière fois que la Réserve fédérale a réduit le taux d’intérêt en dehors des réunions monétaires planifiées remonte à 2008, juste après la chute de Lehman Brothers. Cette diminution de 0,5% est aussi plus agressive que les étapes habituelles de 0,25% et peut dès lors être perçue comme le signal d’un sentiment d’urgence accru de la part des membres de la Réserve fédérale. Hier, à l’annonce des mesures prises par un nombre croissant de pays pour limiter le préjudice économique causé par la propagation du virus, les cours boursiers étaient remontés en flèche. Mais aujourd’hui, l’angoisse reprend le dessus. Ces prochaines semaines, il faudra tenir compte de la nervosité des marchés.
Malgré l’étonnante baisse de taux de cette semaine, la spéculation sur d’autres mouvements de taux bat de nouveau son plein aux États-Unis. Sur les marchés monétaires, on s’attend à une nouvelle baisse des taux sur les futures sur taux d’intérêt lors des réunions à venir en mars et avril. À l’instar du président Trump, d’ailleurs, qui a encouragé sur Twitter la Réserve fédérale à poursuivre sa stimulation monétaire et à ainsi aligner davantage le taux d’intérêt américain sur celui de ses homologues. Certains observateurs commencent déjà à s’interroger sur la réelle indépendance de la banque centrale américaine. Une nouvelle baisse du taux – et une prolongation de la hausse des actions aux États-Unis – serait plutôt une bonne affaire pour Trump dans sa course à la réélection.
La spéculation relative au taux d’intérêt ne se limite cependant pas aux États-Unis et a également contaminé la zone euro.
L’inattendue baisse de taux aux États-Unis exerce une pression supplémentaire sur la BCE pour qu’elle aussi passe à l’action, même si la marge de politique monétaire dans la zone euro est nettement plus restreinte. Les futures sur taux d’intérêt dans la zone euro ont dégringolé de plus de 10 points de base par rapport à la semaine dernière. Le marché met ainsi la balle dans le camp de la BCE, qui tiendra sa réunion monétaire le 12 mars. La période de grâce est définitivement terminée pour la présidente de la BCE Christine Lagarde.
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