Frank Maet
Senior Macro Economist @Belfius
Véronique Goossens
Chief Economist @Belfius
L’Agence internationale de l’énergie (AIE) s’attend à une baisse des émissions de gaz à effet de serre de 8% cette année, un impact six fois plus grand que lors de la crise financière de 2008. Mais cela ne signifie pas que la guerre contre le réchauffement climatique est finie. Selon les Nations Unies, les émissions doivent baisser les dix prochaines années de 7,6% par an pour limiter le réchauffement de la terre à 1,5 degré Celsius, comme stipulé dans l’accord de Paris sur le climat.
Or, maintenant justement, de nombreux pays sont prêts à injecter des milliards d’euros dans des plans de relance pour lutter contre la crise économique. Ces décisions sont cruciales. Si elles ne tiennent pas assez compte de la conversion à l’énergie propre, les émissions de CO2 recommenceront à augmenter rapidement ces prochaines années.
C’est également le sujet inscrit à l’ordre du jour du Clean Energy Transitions Summit de l’Agence internationale de l’énergie cette semaine. Ce sommet réunit, par vidéo-conférence, les ministres du climat des plus grands consommateurs d’énergie, qui représentent près de 80% de la consommation énergétique et des émissions de CO2 au niveau mondial. Ils discutent de mesures qui, à la fois, stimulent l’économie, créent des emplois et limitent les émissions de carbone. En collaboration avec le FMI, l’AIE a déjà élaboré un plan de relance pour 2021-2023, le Sustainable Recovery Plan.
Ce plan se concentre sur six secteurs : électricité, transport, construction, industrie manufacturière, combustibles et technologies à faible émission de carbone, comme l’hydrogène. Les auteurs proposent d’investir chaque année 1000 milliards de dollars, soit 0,7% du PIB mondial. Cela paraît énorme, mais au niveau mondial, les gouvernements ont entre-temps déjà annoncé des plans de relance pour environ 9000 milliards de dollars. Le plan d’investissement vert peut générer mondialement 9 millions de nouveaux emplois et une croissance supplémentaire du PIB de 1,1% chaque année. En outre, les investissements intelligents dans de nouvelles technologies doivent à plus long terme entraîner une augmentation plus importante de la productivité.
La transition à une économie sobre en carbone va coûter beaucoup d’argent et d’efforts, mais laisser les choses suivre leur cours risque de coûter beaucoup plus cher. Avec un plan d’investissement qui peut redresser la croissance économique après la profonde récession et qui permet d’assainir le climat, tout le monde y gagne.