L’Allemagne montre-t-elle comment sortir de la récession?

Frank Maet
Senior Macro Economist @Belfius


Véronique Goossens
Chief Economist @Belfius

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  • Le point bas de la récession industrielle devrait maintenant être dépassé.
  • En 2020, l'industrie française s’est contractée davantage que celles de l’Allemagne et de la Belgique.
  • Depuis le 1er juillet, l’Allemagne assure la présidence de l’UE, avec en perspective des décisions importantes au sujet des mesures européennes de lutte contre la crise.

La plus grande économie de la zone euro donne de plus en plus de signaux indiquant que le pire de la récession industrielle est derrière nous. Mais un retour à la situation pré-Covid-19 n’est pas encore à l’ordre du jour. En mai, la production industrielle allemande a repris 7,8% après une chute de 17,5% le mois précédent. Aux mois de mars et d’avril, en raison du lockdown de l’économie, et à l’instar des autres pays de la zone euro, l’Allemagne a connu la plus forte contraction de son industrie depuis le début des mesures, en 1991.


Le graphique montre l'évolution de la production depuis début 2020 pour l'Allemagne, la France et la Belgique. Dans ces trois pays, à partir d'avril, la production a été impactée de manière similaire par le lockdown, mais le plancher atteint courant avril est nettement plus bas en France. La production industrielle française piquait déjà du nez au premier trimestre, contrairement à la tendance à la hausse qui se dessinait chez nous, et surtout chez nos voisins de l'Est. La France aura peut-être besoin de plus de temps pour remonter la pente.

En tout état de cause, la relance qu’on observe actuellement en Allemagne résulte principalement du redémarrage de la production, mais ne dit pas grand-chose sur la reprise de la demande. Ainsi, pendant le lockdown, les usines automobiles sont restées à l’arrêt durant 30 jours en Allemagne, et 25 jours en Belgique. L’ACEA – Association des constructeurs européens d’automobiles – a calculé que ces fermetures se traduiraient par une perte de production annuelle de plus de 10%, tant dans notre pays qu’en Allemagne. Entre-temps, les lignes de production de voitures tournent à nouveau. Mais la demande de véhicules privés et de société sera-t-elle assez forte pendant le restant de l’année pour compenser les pertes subies? Rien n'est moins sûr... Les ménages seront moins rapidement enclins à faire des achats importants car ils ont peur pour leur emploi. Les dirigeants d'entreprise allemands sont également confrontés à ce malaise économique. Selon l’institut IFO, qui fait autorité en la matière, 21% des entreprises craignent ne pas pouvoir survivre à cette crise.

Depuis le 1er juillet, et pour une durée de six mois, l'Allemagne préside le Conseil de l'Union européenne. Pour la présidence allemande, la tâche la plus urgente, c’est de parvenir à un accord sur le fonds de relance européen et le budget pluriannuel. Une réussite sur ce front pourrait constituer la base d'une relance durable de la confiance et de la demande économique dans la zone euro. L’Allemagne parviendra-t-elle, sous sa présidence, à guider le reste de la zone euro vers la reprise?


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