Frank Maet
Senior Macro Economist @Belfius
Véronique Goossens
Chief Economist @Belfius
Les chiffres montrent que la reprise économique en Chine se poursuit dans le secteur industriel mais un redressement clair des dépenses de consommation se fait provisoirement attendre.
En juillet, les ventes dans les commerces de détail ont baissé pour le septième mois consécutif, une déception pour les marchés financiers qui attendent avec impatience des signaux que les consommateurs chinois reprennent du poil de la bête. Jusqu’à présent, la reprise en Chine se manifeste surtout du côté de l’offre de l’économie. Le redémarrage des usines s’est traduit depuis mars par une remontée rapide de l’activité des entreprises. En juillet, la croissance annuelle de la production industrielle s’est accélérée à 4,8% (voir graphique). Mais les chiffres décevants des ventes en juillet confirment que la demande des consommateurs est à la traîne par rapport au redressement économique. Certes, la confiance s’est rétablie au deuxième trimestre à la suite de la baisse du nombre de nouveaux cas de Covid-19 en Chine, mais pas assez pour sortir le commerce de détail de la zone rouge.
Au deuxième trimestre, l’économie chinoise a fait un comeback impressionnant et la Chine est de ce fait l’un des rares pays du monde à échapper à une récession officielle (deux trimestres successifs de croissance négative). La relance en V de l’industrie constitue une base solide pour le second semestre, mais le consommateur chinois va devoir se manifester pour qu’il puisse être question d’une reprise à grande échelle. Il faudra beaucoup de temps pour réparer les dommages économiques occasionnés par le Covid-19. Des secteurs tels que l’horeca et l’industrie de la construction restent largement au-dessous des niveaux d’activités normaux et les investissements des entreprises sont également loin d’être normalisés.
En outre, vu le risque d’une deuxième vague de contaminations, la situation en dehors de la Chine demeure très incertaine. De plus, les relations diplomatiques avec les USA ne se sont pas améliorées depuis que Washington menace d’interdire les apps de médias sociaux chinois TikTok et WeChat. Les analystes politiques ne s’attendent pas à ce que les joutes verbales entre les grandes puissances se calment à l’approche des élections américaines de début novembre. Pékin attend avec intérêt l’issue des élections présidentielles. Le risque d’une guerre froide financière avec les USA semble en effet beaucoup plus faible avec Biden à la Maison Blanche.