Frank Maet
Senior Macro Economist @Belfius
Véronique Goossens
Chief Economist @Belfius
Prévisions pour 2021
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Pour le Royaume-Uni, 2020 devait être l’année du Brexit mais ce fut l’année du Covid. Avec plus de 62.000 victimes, les Britanniques ont enregistré le taux de mortalité le plus élevé d’Europe. Outre le lourd tribut humain, le coût économique y est également plus élevé que sur le continent européen. Même après le solide mouvement de reprise du troisième trimestre, la croissance économique britannique affiche encore un recul de 9,6 pour cent par rapport à fin 2019, comparé aux 4,3 pour cent de la zone euro.
Les premiers Britanniques ont été vaccinés la semaine dernière mais cette vaccination est intervenue trop tard pour éviter une récession économique. En octobre, l’économie affichait encore une croissance poussive. Novembre a été marqué par la fermeture durant quatre semaines des commerces non essentiels et de la plupart des activités de l’Horeca. À l’instar du continent européen, il s’agit d’un coup dur pour les entreprises de services britanniques et leurs travailleurs. L’indice qui mesure la confiance économique dans le secteur des services a chuté d’un coup en novembre, de 51,4 à 45,8, signalant de toute évidence un effondrement de l’activité.
La chute du BIP provoquée par la récente vague du virus sera moins grave qu’au deuxième trimestre mais elle affectera encore plus le marché du travail déjà mis à mal. Les statistiques des pouvoirs publics indiquent que le taux de chômeurs croît à un rythme élevé. Les perspectives pour le marché de l’emploi en 2021 sont également négatives. Le système britannique des subventions salariales s’arrêtera fin mars.
La campagne de vaccination en 2021 et le recul des craintes face au virus devraient ouvrir la voie à une reprise de l’économie britannique à partir de la deuxième moitié de 2021. Plusieurs obstacles majeurs entravent toutefois une relance solide.
Tout d’abord, le Brexit bien entendu. Selon les deux partis politiques, des avancées ont été réalisées le week-end dernier mais un accord fait toujours défaut. Le départ du marché interne européen le 1er janvier (avec ou sans accord) génère une incertitude supplémentaire dans une période critique. Les sociétés d’exportation britanniques sont confrontées à de nouveaux contrôles frontaliers pour les marchandises qu’elles veulent vendre au sein de l’UE de même qu’à une augmentation des tarifs douaniers dans de nombreux cas. Les consommateurs britanniques sont déjà en train de faire des réserves dans la perspective d’une éventuelle pénurie de nouriture et de médicaments. La rupture persistante des stocks pourrait raviver l’inflation au Royaume-Uni à un moment où l’économie est encore accablée par le Covid-19. Le pouvoir d’achat des ménages en souffrirait encore plus.
Durant cette pandémie, le gouvernement de Boris Johnson n’a pas hésité à puiser largement dans les caisses publiques afin de tenter d’endiguer la crise. Les dépenses supplémentaires combinées à la baisse des revenus fiscaux ont entraîné un déficit budgétaire record représentant près de 19 pour cent du PIB. Des dépenses sont prévues en 2021 pour une campagne de tests et de vaccination à grande échelle et une hausse des salaires dans le secteur des soins de santé. Si les aides publiques dans le cadre du chômage temporaire ne sont pas prolongées après mars, le stimulant fiscal sera plus faible en 2021. On s’attend par ailleurs à ce que le gouvernement adopte une politique budgétaire plus stricte à partir de 2022, avec des mesures d’économie et une hausse des impôts pour contenir la dette publique.
Après un repli historique de plus de 10 pour cent en 2020, nous prévoyons une croissance économique de 5,8 pour cent en 2021. Nous prévoyons une hausse de l’inflation au premier trimestre sous l’effet de la hausse des prix de l’énergie et de l’impact temporaire du Brexit. Les taxes se stabiliseront ensuite.