Frank Maet
Senior Macro Economist @Belfius
Véronique Goossens
Chief Economist @Belfius
Prévisions pour 2021
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À Wall Street, aucun nuage ne semble obscurcir l’horizon. L’indice boursier Dow Jones a franchi allègrement le cap des 30 000 points et le S&P500 évolue également à des niveaux record. Les nouvelles relatives aux candidats-vaccins, qui devraient être disponibles dès le début de l’année prochaine, ont eu le don d’éclaircir sensiblement les perspectives pour 2021. Certes, la distribution de vaccins en quantité suffisante prendra du temps, mais les marchés d’actions regardent déjà au-delà et voient se profiler à l’horizon la fin de « l’économie du confinement ».
Pendant que Wall Street fait la fête, le Covid-19 lance une nouvelle offensive aux States. De nombreux États ont remis en place des mesures de sécurité. Les restrictions sont moins strictes qu’au printemps, mais la récente flambée de contaminations pèsera tout de même à court terme sur l’économie américaine. Le nombre de demandes d’allocations de chômage ne recule plus depuis quelque temps (voir le graphique 1) et le risque que la troisième vague de Covid-19 entraîne à son tour une nouvelle vague de licenciements dans l’horeca a clairement augmenté.
Après la croissance record au troisième trimestre, le redressement économique pourrait s’arrêter net, notamment parce que de nombreuses aides de soutien économique expireront bientôt. Si le Congrès n’approuve pas un nouveau filet de sécurité avant le 11 décembre, quelque 12 millions d’Américains pourraient ne plus bénéficier d’allocations de chômage dans les prochaines semaines.
Joe Biden et son camp démocrate veulent associer à cette prolongation un plan de relance plus large d’au moins de 2 200 milliards de dollars. Cette aide publique massive est appelée à doper l’économie au cours des prochaines années après la débâcle provoquée par la pandémie de Covid-19.
Mais les républicains (qui conserveront au moins jusqu’au 5 janvier le contrôle du Sénat) estiment qu’un plan de 500 milliards est suffisant. Les analystes politiques s’attendent donc à ce que les deux partis s’entendent sur une prolongation limitée de l’aide d’urgence pour les chômeurs, avant que Joe Biden n’entre à la Maison Blanche le 20 janvier.
Nous prévoyons que la croissance du PIB américain ralentira fortement au quatrième trimestre et restera faible également au premier trimestre de 2021 en raison des nouvelles mesures de confinement. Dans le courant du premier trimestre, nous estimons que le président Biden réussira à faire approuver par le Congrès un plan de soutien de quelque 1 000 milliards de dollars, ce qui représente grosso modo 5 % du PIB. Ces mesures donneront un coup de fouet à la demande économique au deuxième trimestre aux États-Unis. Lorsque la vaccination battra son plein et que la population aura constitué une immunité suffisante contre le virus, la confiance des consommateurs se redressera également et les secteurs de l’horeca et du tourisme devraient connaître une belle reprise.
En 2021, le consommateur américain jouera le premier rôle dans le redressement économique. Cette année, les ménages ont accumulé une grande réserve d’épargne en raison du choc de confiance. Est venu s’y ajouter le chèque de 1 200 dollars que le gouvernement a envoyé à tous les Américains en avril. De nombreux ménages disposent donc d’une réserve financière qu’ils pourront dépenser lorsque l’économie ne souffrira plus d’aucune entrave. Nous partons du principe que les ménages épargneront moins en 2021 que cette année, mais il faudra attendre un certain temps avant que le comportement d’épargne revienne à son niveau d’avant la crise.
La reprise de l’industrie américaine pourrait également s’essouffler durant cet hiver, mais le secteur est en bonne position pour reprendre de la vitesse lorsque la troisième vague de contaminations sera passée. Les enquêtes auprès des entreprises indiquent en tout cas que l’activité continue d’augmenter, et les carnets de commandes sont également bien remplis.
Nous prévoyons que l’économie américaine se contractera de 4 % cette année et croîtra de 3,3 % l’an prochain. Dès lors, après quelques mois sombres, les Américains peuvent tout de même tabler sur une reprise en V en 2021, avec un V comme vaccin.
Graphique 1. États-Unis : demandes d’allocations de chômage par rapport aux nouveaux cas de Covid-19.
Graphique 2. États-Unis : indicateurs macroéconomiques clés.