Frank Maet
Senior Macro Economist @Belfius
Véronique Goossens
Chief Economist @Belfius
Prévisions pour 2021
Découvrez tous nos articles et prévisions pour 2021
Tandis qu’en Europe, la pandémie fait toujours rage et que les États-Unis luttent contre une troisième vague du virus, la Chine peut progressivement tourner la page du Covid-19. La tolérance zéro assortie de confinements stricts et de tests massifs porte ses fruits et permet de maintenir le virus sous contrôle. Entre-temps, l’économie chinoise se redresse à pas de géant.
Après la débâcle du premier trimestre, l’industrie a connu une reprise spectaculaire. Au deuxième trimestre, l’économie a même prospéré plus rapidement qu’à la même période de l’an dernier – de 3,3 pour cent et pendant l’été, de 4,9 pour cent. Cette tendance positive se poursuit au cours des derniers mois de 2020. Un contraste criant avec la zone euro, où de nouveaux confinements mettent à mal l’économie. Aux États-Unis aussi, la demande menace de reculer considérablement pendant les mois d’hiver.
En octobre, l’industrie chinoise a déjà produit 6,9 pour cent de plus que le niveau d’il y a un an, un rythme de croissance plus musclé que la croissance moyenne des années précédentes. Initialement, c’était surtout l’industrie qui stimulait l’économie et le consommateur chinois restait quelque peu à la traîne. Mais entre-temps, il a retrouvé le chemin des magasins. En octobre, les ventes au détail étaient en hausse de 4,4 pour cent par rapport à un an plus tôt et les ventes de voitures dépassent déjà le niveau de 2019. De même, les investissements des entreprises se redressent enfin et, avec la forte hausse des investissements dans l’immobilier et l’infrastructure, ils enregistrent une croissance totale de 12 pour cent en octobre.
Ce dynamisme permet à la Chine d’être le seul pays du G20 à voir son économie croître cette année. Nous prévoyons que pour l’ensemble de l’année 2020, la croissance atteindra 2,0 pour cent.
En 2021, les dépenses des ménages continueront d’augmenter à mesure que les limitations de mouvement disparaîtront et que la demande s’améliora sur le marché de l’emploi. Les exportations chinoises ont déjà le vent en poupe depuis un certain temps et ont connu une hausse de plus de 11 pour cent en octobre mais elles peuvent pâtir en novembre et décembre de la demande plus faible des États-Unis et de l’Europe en raison de la recrudescence récente du Covid-19 et des confinements. Pour 2021, les perspectives en matière d’exportation sont cependant positives. La Chine pourra pleinement profiter ‘d’être sortie la première de la crise’, lorsque la croissance économique augmentera dans le reste du monde au cours de l’année prochaine.
Le gouvernement chinois peut se réjouir de la reprise impressionnante post-Covid mais le revers de la médaille est une aggravation de l’endettement. Les dettes des entreprises ont ainsi atteint 159% du PIB cette année. Le gouvernement lève déjà le pied en limitant le crédit dans l’immobilier et dans d’autres secteurs qui risquent la surchauffe. La forte reprise économique incite les dirigeants à opter pour une politique monétaire et fiscale plus neutre mais pas au point de malmener le redressement. Nous tablons sur une accélération de la croissance annuelle du PIB de 8 pour cent en 2021, parce que les ménages chinois dépenseront davantage mais aussi parce qu’au début de l’an prochain, l’économie pourra encore tirer profit d’un excellent dernier trimestre 2020. L’an prochain, la Chine ne cèdera pas non plus sa première place du classement économique. Et ce n’est pas sans importance d’un point de vue européen. L’Allemagne exporte plus vers la Chine qu’elle n’importe. Elle profitera donc de la réussite chinoise et indirectement aussi les entreprises belges qui fabriquent des pièces détachées et qui fournissent des services aux producteurs allemands.