Annelore Van Hecke
Senior Macro Economist @Belfius
Véronique Goossens
Chief Economist @Belfius
Les entreprises belges font partie des meilleurs prestataires dans l’Union européenne au niveau de la robotisation de l’industrie. Et même du top 3 européen en matière d’utilisation de logiciels pour les processus opérationnels et la gestion des relations avec les clients et elles occupent aussi le peloton de tête pour l’utilisation des big data. Voilà pour les bonnes nouvelles que nous retrouvons dans le rapport annuel de la Banque nationale. L’institution pointe toutefois que le fossé entre les chefs de file – généralement, les grandes entreprises – et les retardataires ne cesse de s’agrandir. Si nous voulons accroître notre productivité – et c’est indispensable – ces technologies devront s’immiscer dans toutes les entreprises.
La formation de la main-d’œuvre est cruciale pour permettre aux outils digitaux de davantage se propager. Hélas, c’est là que le bât blesse. La proportion des Belges ayant un diplôme en TIC est inférieure à la moyenne de l’U.E. et de nos voisins. Il serait donc préférable que les entreprises et les pouvoirs publics fournissent des efforts supplémentaires en formation afin que beaucoup plus de travailleurs puissent maîtriser ces technologies. En dépit de toutes les initiatives fédérales et régionales pour combler cette lacune sur le marché de l’emploi, nous ne voyons pas d’amélioration substantielle, selon la Banque nationale.
Dans l’e-commerce ou la vente en ligne, la Belgique est également au-dessus de la moyenne, mais il s’agit surtout de ventes entre entreprises ou de ventes des entreprises aux pouvoirs publics – elles représentent 80% du chiffre d’affaires en ligne des entreprises belges. La vente en ligne aux consommateurs a donc un retard historique considérable à rattraper. En Belgique, les grandes plateformes étrangères de vente en ligne dominent le marché: Bol.com, Coolblue, Zalando et Amazon. Une des raisons est que le coût du travail de nuit et du dimanche est plus élevé en Belgique que chez nos voisins. La crise et la forte hausse des ventes en ligne, ainsi que le plaidoyer en faveur du commerce local, offrent néanmoins aussi des opportunités aux entreprises belges.
Nous avons en tout cas la chance que notre pays dispose d’une infrastructure digitale de grande qualité. Notre réseau Internet a ainsi pu faire face convenablement à la forte charge due à la crise. Malheureusement, les régions ne parviennent pas à accorder leur stratégie pour mettre en place le réseau de la 5G. Son déploiement peut être un véritable catalyseur de la digitalisation de l’économie.
Cette digitalisation est un des fers de lance de la politique de redressement. Les pouvoirs publics y prévoient de gros investissements, notamment sous l’impulsion du fonds de relance de l’U.E. Tous, nous avons donc intérêt à développer nos compétences digitales et à prendre demain le train de la nouvelle économie.