Frank Maet
Senior Macro Economist @Belfius
Véronique Goossens
Chief Economist @Belfius
Le tourisme en Europe sera-t-il confronté à un été perdu pour la deuxième année consécutive ? En raison de l’apparition de nouveaux variants du Covid-19 et du rythme encore trop lent de la vaccination dans de nombreux pays européens, le risque est plus grand de voir à nouveau la saison touristique tomber à l’eau. On ne sait pas avec précision quelle partie de la population sera vaccinée à temps pour l’été. Même si les confinements nationaux sont assouplis, des limitations de voyages à l’étranger peuvent être d’application plus longtemps.
C’est surtout le sud de l’Europe qui craint qu’un ‘staycation’ soit de nouveau la tendance en 2021 et que les vacanciers choisissent une fois de plus un été de voyages dans leur propre pays. La Grèce, Malte et le Portugal sont économiquement les plus vulnérables face à un recul des revenus du tourisme mais parmi les grands États membres de la zone euro, l’Espagne court beaucoup de risques. L’argent dépensé par les vacanciers étrangers est un pan important de l’économie et génère beaucoup d’emplois. En 2019, les recettes nettes du tourisme représentaient encore 3,7 pour cent du PIB espagnol. Le gouvernement de Madrid espère un retour massif des étrangers pour aider l’économie à se relever après la chute de 11 pour cent en 2020. L’Espagne a déjà commencé fin de l’an dernier à vacciner sa population et est en avance sur le reste de la zone euro. Mais les problèmes de livraison des vaccins d’AstraZeneca et Pfizer rendent incertaine la réalisation par le gouvernement espagnol de son objectif de vacciner 70% de la population pour septembre.
Il y a aussi des gagnants potentiels d’un scénario ‘staycation’. La Belgique et l’Allemagne, notamment, pourraient en profiter, parce que la perte potentielle des dépenses des touristes étrangers peut être compensée par des dépenses supplémentaires des habitants qui, normalement, visiteraient d’autres pays. En temps normal, les touristes belges dépensent plus d’argent à l’étranger que les touristes étrangers en Belgique (voir graphique 1). Si, cette année, davantage de Belges optent pour des vacances à la côte ou pour une des autres attractions de notre pays, cela pourra être un coup de pouce bienvenu au secteur touristique.