Annelore Van Hecke
Senior Macro Economist @Belfius
10 novembre 2021
Annelore Van Hecke
Senior Macro Economist @Belfius
Le grand Saint va-t-il parcourir les magasins de jouets pour dénicher les bons cadeaux ? Ou se contentera-t-il de scanner les articles dans le catalogue de jouets de Bol.com pour passer une commande en ligne ?
Parmi ces façons de procéder, la deuxième est en nette progression, et la crise du Covid a favorisé son accélération. L’e-commerce est appelé à durer. Et ce phénomène, nous l’observons dans nos données clients Belfius anonymisées, qui nous permettent de suivre le comportement des consommateurs belges.
Pour avoir une idée du comportement d'achat en ligne, nous analysons d'abord l'évolution des virements effectués au départ du compte courant ou par carte de crédit vers quelques acteurs majeurs de l’e-commerce, tels que Bol.com, Zalando, Amazon et Coolblue. Le Graphique 1 montre que les achats de produits en ligne étaient déjà en hausse avant la pandémie. Après avoir fait un véritable « bond en avant » en 2020, boostée par les confinements et les restrictions d’accès aux magasins « physiques », la croissance ralentit nettement en 2021. La réouverture de l’économie provoque un nouvel élan vers le shopping dans les magasins physiques, même si le recul de l’e-commerce reste limité. Il semble que les consommateurs aient définitivement trouvé le chemin des boutiques en ligne. Le fait que les achats en ligne ne faiblissent pas donne à penser que les Belges ont adapté leur comportement et que, dorénavant, ils feront une plus grande part encore de leurs achats en ligne.
Durant l’année 2020 – « année Covid » –, le montant total des achats en ligne auprès de ces quatre entreprises a augmenté en moyenne d’environ 85% par rapport à 2019. Au cours des 9 premiers mois de cette année, nous avons constaté une augmentation supplémentaire par rapport à l'année dernière chez Bol.com (+2%) et Amazon (+14%). Quant à Zalando et Coolblue, jusqu’à présent, sur les trois premiers trimestres de cette année, ils n’ont pas pu égaler leurs belles performances de l'année précédente, avec une baisse de respectivement -9% et -10%. Bien entendu, cette année encore, nous avons constaté les effets de la pandémie durant le premier semestre. On pense ici aux fermetures prolongées dans l’horeca, qui ont fait perdre un peu de leur charme aux journées de shopping « en présentiel ». On pense aussi au shopping sur rendez-vous, au mois d’avril. En septembre 2021, parmi les clients Belfius, le chiffre d'affaires de ces entreprises d’e-commerce était encore supérieur en moyenne de 72 % par rapport à septembre 2019.
Graphique 1 : Montant total dépensé par les clients Belfius dans les boutiques en ligne (index, janvier 2019 = 100, sans correction pour l'inflation).)
Si l’on considère le nombre de transactions ou de commandes en ligne (voir Graphique 2), on constate une augmentation similaire au cours des dernières années. En 2020, « année Covid », le nombre de commandes était environ 80 % (Bol.com, Zalando) à 90 % (Amazon, Coolblue) plus élevé qu'en 2019. Au cours des 9 premiers mois de cette année, on a constaté une augmentation par rapport à l'année dernière chez Bol.com et Amazon, et une diminution du nombre de transactions chez Zalando et Coolblue.
Chez Coolblue, le montant total des dépenses a augmenté plus rapidement que le nombre de transactions, ce qui indique un montant d'achat plus élevé par commande. Cela peut s’expliquer par des augmentations des prix des produits ou des commandes plus importantes. Chez Zalando, cette année, le montant moyen d'une commande est inférieur à celui de l'année dernière.
Graphique 2 : Nombre de transactions dans des boutiques en ligne (index, janvier 2019 = 100)
Nous en concluons que, malgré la réouverture de l’économie, les Belges continuent d’acheter massivement des produits en ligne. Nous notons une stagnation, avec pour l'instant toutefois aucune inversion de la forte hausse observée durant la pandémie, ce qui indique un changement durable de comportement. Les achats en ligne ne sont plus une nécessité due à la fermeture des magasins, mais probablement un choix délibéré, motivé par le gain de temps, la disponibilité permanente, le confort que constitue la livraison à domicile, et des prix souvent bas.
À noter qu’ici, nous ne prenons en compte que les achats en ligne de biens, et non ceux de services tels que les billets d’entrée pour des événements, les réservations de voyages et les billets d'avion, …