13 janvier 2023
Frank Maet
Senior Macro Economist @Belfius
Véronique Goossens
Chief Economist @Belfius
Enfin un peu de bonnes nouvelles concernant l’inflation aux USA. En décembre, l’indice des prix à la consommation américain a fléchi pour la première fois depuis mai 2020. De ce fait, l’inflation générale s’est atténuée plus que prévu, passant de 7,1 pour cent en novembre à 6,5 pour cent en décembre. Le recul de l'inflation est principalement dû à une baisse des prix pétroliers de 9,4 pour cent en décembre et à l'affaiblissement de l’inflation des prix de l’alimentation.
L'inflation générale diminue en raison de la baisse des prix de l’énergie, mais l'inflation structurelle, qui ne tient pas compte des prix volatils de l’énergie et de l’alimentation, reste élevée, soit 5,7 pour cent sur une base annuelle. C’est surtout l’inflation des services, notamment liée aux loyers sur le marché résidentielle, qui se maintient à un haut niveau.
Selon nos anticipations, l'inflation américaine au sens large va vraisemblablement continuer à baisser. Si les prix du pétrole et du gaz se maintiennent aux alentours des niveaux actuels, l'inflation liée à l’énergie continuera à peser sur l’indice des prix à la consommation ces prochains mois. La pression de l’inflation s'allège clairement aussi pour certains biens tels que les voitures d’occasion. La demande sur le marché résidentiel américain chute rapidement en raison de la hausse des taux hypothécaires, ce qui entraînera une baisse des prix d'achat et des loyers cette année. Nous nous attendons à constater cet impact à partir de l’été dans les chiffres de l’inflation qui mesurent le coût des loyers.
La banque centrale à Washington s'attend à ce que l’inflation générale recule à environ 3,1 pour cent d’ici la fin de cette année. La baisse de l’inflation structurelle, le critère le plus important de l'inflation sur les écrans-radars de la Réserve fédérale, va toutefois prendre plus de temps. Selon la Fed, celle-ci atteindra encore 3,5 pour cent fin 2023. Cela est dû à la poursuite de la pénurie sur le marché du travail américain. De nombreuses entreprises rechignent à procéder à des licenciements secs parce qu’elles ont eu beaucoup de mal à trouver du personnel pendant la pandémie. En décembre, le taux de chômage a encore diminué pour s'établir à 3,5 pour cent, le niveau le plus bas en cinq décennies. La croissance salariale s’est déjà un peu calmée à 4,6 pour cent au cours de l’an dernier, mais elle demeure encore beaucoup trop élevée pour les responsables de la politique monétaire.
Le rapport favorable sur l’inflation de décembre et la perspective d’une atténuation de la pression de l’inflation en 2023 donnent un coup de pouce bienvenu aux consommateurs américains. En raison des hausses de prix énormes en 2022, le revenu réel des ménages a chuté de près de 9 pour cent l’an dernier. Ils ont cependant mieux maintenu leurs dépenses que prévu en puisant dans leurs réserves d'épargne. En novembre, les Américains n'ont épargné que 2,4 pour cent de leur revenu disponible, soit trois fois moins d’un an auparavant. La réserve d'épargne pour faire face au coût élevé de la vie est dès lors quasi épuisée. En combinaison avec la confiance des consommateurs historiquement faible, nous nous attendons dès lors à ce que la croissance des dépenses des ménages en 2023 soit largement inférieure à celle de l’an dernier. De plus, les hausses de taux agressives de 2022 ont encore de fortes répercussions et feront encore payer un lourd tribut, surtout au premier semestre. Le durcissement de la politique monétaire entraîne une diminution de l’afflux de capitaux dans l’économie.
Dans les enquêtes menées auprès des entreprises, de plus en plus d’indicateurs sont dans le rouge. Voilà déjà plusieurs mois que l’indice de production industrielle marque une contraction, mais l'activité tertiaire a continué à progresser. En décembre, la confiance des entrepreneurs dans le secteur tertiaire a également plongé et les commandes accusaient un recul manifeste. Une baisse du chiffre d'affaires des entreprises au premier trimestre semble dès lors inéluctable.
Les investissements des entreprises présentent aussi de maigres perspectives. Les entreprises reportent leurs projets parce que la hausse des taux d'intérêt et les conditions de prêt plus strictes augmentent le coût des crédits. En outre, de nombreux entrepreneurs et analystes sur Wall Street prévoient un fléchissement des bénéfices des entreprises début 2023. Les analystes ne s'attendent à une reprise de la croissance bénéficiaire qu’après l’été.
Rien n’indique toutefois que le rapport sur les prix de décembre ou la crainte croissante d’une récession incitera la Banque centrale américaine à changer sa politique de taux. La lutte contre l’inflation n’est pas encore terminée et le marché du travail reste provisoirement en bonne santé. La Fed semble fermement décidée à encore augmenter le taux directeur d'au moins 0,25 pour cent le 1er février.
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