20 décembre 2024
Annelore Van Hecke
Senior Macro Economist @Belfius
Véronique Goossens
Chief Economist @Belfius
L'économie belge poursuivra sa croissance à un rythme constant. La consommation des ménages et les investissements publics solides restent les moteurs de notre économie. Les investissements des ménages dans les logements continuent à reculer et, dans un contexte de diminution des exportations, les investissements des entreprises fléchissent également. Durant l’été, nous avons enregistré une croissance de 0,3% (en glissement trimestriel) et, pour le dernier trimestre de 2024, nous nous attendons au même chiffre.
Pour l’année prochaine, nous pensons que la croissance économique belge restera robuste. Les élections locales étant terminées, nous nous attendons à une baisse des investissements publics. Par ailleurs, nous prévoyons un reprise prudente des investissements dans les logements et un recul moins prononcé des exportations.
Comment concilions-nous cette croissance constante avec le flux de mauvaises nouvelles concernant des restructurations, licenciements collectifs et faillites? Nous constatons une dichotomie qui va perdurer un certain temps dans notre économie. Alors que l’industrie manufacturière sera en récession, le secteur tertiaire, qui est de beaucoup plus grande envergure en Belgique, continuera à bien se porter.
Pour l’industrie, tous les indicateurs sont dans le rouge. Au cours de ces deux dernières années, nous avons constaté une baisse du volume de production et de la valeur ajoutée (voir graphique ci-dessous). L’emploi dans l’industrie a également diminué: quelque 12.000 emplois ont disparu depuis le deuxième trimestre 2023. Du fait que l’appareil de production des entreprises n’est pas pleinement exploité, le besoin d'investissements (d’expansion) enregistre un sérieux recul.
La problématique de l’industrie est en partie cyclique. En effet, nous nous attendons à ce que la demande intérieure et extérieure de produits industriels remonte ces prochaines années. Mais nous nous faisons beaucoup de soucis à propos de l’affaiblissement structurel de la compétitivité de notre industrie. Nos coûts énergétiques sont beaucoup plus élevés qu’avant la crise de l’énergie et largement supérieurs aux prix en vigueur aux USA, ce qui porte atteinte à la compétitivité des industries grandes consommatrices d'énergie, comme le secteur chimique et métallurgique. À cela s'ajoute que les entreprises européennes sont confrontées à la réglementation stricte en matière de transition verte et à l'intensification de la concurrence chinoise. Enfin, à la suite du handicap lié à ses coûts salariaux par rapport aux pays voisins, la Belgique perd des parts de marché.
Les risques supplémentaires pour l’industrie en 2025 sont incertains. D’une part, nous espérons que la nouvelle Commission européenne adoptera des mesures pour protéger l’industrie européenne, conformément aux recommandations formulées dans le récent rapport de l’ancien président de la BCE, Draghi1, sur la compétitivité européenne. Il est également possible qu’un nouveau gouvernement belge soutienne l’industrie avec un tax shift pour atténuer le handicap des coûts salariaux ou avec une réduction de la facture énergétique pour les entreprises, comme dans les pays voisins. D'autre part, la menace de nouvelles taxes douanières sur les exportations aux USA constitue un gros risque baissier. Dans notre scénario de base, nous présumons qu'une grande partie des taxes douanières annoncées pourra être évitée grâce à des négociations avec le président Trump. Certains secteurs, comme l’industrie automobile, seront certainement touchés mais une taxation générale pourrait être évitée en échange, par exemple, de l’engagement d'acheter plus de produits américains.
Nous constatons que le sentiment négatif de l’industrie n’a provisoirement pas encore atteint le secteur des services, qui représente plus de 70% de notre PIB et soutient notre croissance. Notre marché du travail continue également à avoir le vent en poupe. Le taux de chômage reste historiquement bas et le nombre de postes vacants élevé. Vu la pénurie sur le marché du travail, les travailleurs licenciés dans l’industrie ne resteront peut-être pas très longtemps au chômage. Tous secteurs confondus, nous constatons que le nombre d’emplois créés dépasse encore le nombre de suppressions d’emplois en Belgique, quoique la création d’emplois se soit affaiblie en comparaison avec les années précédentes. Ce ralentissement de la création d’emplois résulte en partie aussi d’une baisse de l’offre sur le marché du travail : en effet, le vieillissement entraîne une diminution de la population en âge de travailler.
Cette année, l’inflation a de nouveau grimpé dans notre pays, principalement à la suite d’effets techniques. L'inflation liée à l’énergie est remontée en raison de la suppression du soutien apporté à l’énergie par les autorités cette année. Si nous ne tenons pas compte des éléments volatils de l’inflation (à savoir, les prix de l’énergie et de l’alimentation), nous obtenons une inflation structurelle en baisse cette année. Celle-ci est tombée à 3% en novembre, ce qui reste néanmoins un niveau élevé. Ce sont surtout les hausses de prix des services qui persistent. Les coûts salariaux plus élevés, qui constituent une part importante des coûts dans le secteur tertiaire, sont encore largement répercutés dans les prix des services.
Pour l’année prochaine, Belfius Strategic Research s’attend à une baisse de l’inflation à 3% en moyenne sur une base annuelle. L’inflation sous-jacente poursuivra sa tendance baissière en 2025 mais se maintiendra à un niveau relativement élevé de 2,6% en moyenne.
Si la politique reste inchangée, le déficit budgétaire belge et notre endettement continueront à se détériorer en raison de l’augmentation des coûts du vieillissement et des charges d’intérêts. Mais nous avons bon espoir que le nouveau gouvernement fédéral s'attaquera à cette problématique. D’une part, il est nécessaire de mettre de l’ordre dans nos finances publiques pour limiter le taux d'intérêt sur notre dette et respecter les règles budgétaires européennes. D'autre part, des économies et des taxes supplémentaires pourraient avoir un impact négatif sur la croissance. Tout dépend de la façon dont l'assainissement budgétaire sera effectué. Des réformes structurelles permettant d’augmenter l’emploi et d'accroître notre productivité pourraient avoir un effet positif sur la croissance, ce qui compenserait l'impact négatif des économies.
GDP projections (%yoy) |
Inflation projections (%yoy) |
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2024 |
2025 |
2026 |
2024 |
2025 |
2026 |
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Belgique |
1 |
0,9 |
1,1 |
4.3 |
3 |
2,2 |
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Source des prévisions : Belfius Research
Source générale : Belfius Research
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