12 septembre 2024
Frank Maet
Senior Macro Economist @Belfius
Véronique Goossens
Chief Economist @Belfius
Il ne plane guère de doutes à ce sujet. Lors de sa réunion du 12 septembre, la banque centrale européenne procédera à une réduction des taux, la deuxième après le début de son cycle de baisses des taux en juin. Plus de 90 pour cent des économistes et des analystes des taux interrogés par Reuters prévoient une baisse des taux de 25 points de base.
Qu’est-ce qui a changé par rapport au mois de juillet, quand la banque centrale réunie à Francfort a décidé de ne pas abaisser le taux directeur? En premier lieu, l’inflation dans la zone euro a chuté de 2,6 pour cent à 2,2 pour cent en août. C’est la conséquence des prix de l'énergie, surtout du pétrole brut, qui, en août de cette année, étaient inférieurs à ceux du même mois en 2023. L'inflation structurelle, qui ne tient pas compte des prix de l’énergie et de l’alimentation, a également fléchi en août, mais l'inflation dans le secteur des services s’est maintenue au-dessus de 4 pour cent1 . Cependant, pour la première fois, nous notons dans les chiffres officiels un refroidissement de la pression salariale sur le marché du travail européen. Au cours du deuxième trimestre, la croissance salariale nominale a reculé de 4,7 pour cent à 3,6 pour cent2.
Sur le plan de la croissance économique, nous constatons peu de changements dans la zone euro cet été. Le PIB de la zone euro a augmenté de 0,2 pour cent au deuxième trimestre mais cela cache un redressement inégal. Comme l’industrie est encore confrontée à un resserrement de l’activité, la croissance est exclusivement soutenue par les entreprises de services. Sur le plan régional, nous remarquons que la sous-performance de l’économie allemande par rapport au reste de la zone euro perdure.
Les spéculations sur les marchés financiers concernant une réduction du taux directeur par la BCE sont également liées à un état d’esprit général. L’orientation de la politique monétaire dans le monde occidental s’est clarifiée ces derniers mois, à savoir une baisse des taux directeurs. Les banques centrales de Suisse et de Suède ouvrent la marche et ont déjà décidé de réduire leur taux directeur pour la deuxième fois cette année. Le Royaume-Uni a également déjà assoupli sa politique monétaire.
Il ne reste plus qu’à attendre la réaction du grand frère, la Réserve fédérale aux États-Unis. Mais cette attente est quasi terminée : la semaine prochaine, la banque centrale américaine commencera aussi à réduire le taux directeur élevé. Sur les marchés financiers, certains espèrent une baisse de taux de 50 points de base d’un coup, mais nous tablons sur seulement 25 points de base. Dans le passé, la Fed optait généralement pour une baisse de taux de 25 points de base pour entamer un cycle de réductions des taux. L'approche des élections présidentielles joue également un rôle. Les responsables de la politique monétaire veulent éviter qu’un changement brutal des taux soit interprété comme un soutien pour un des deux candidats juste avant les élections. En outre, l’inflation américaine reste beaucoup plus élevée que chez nous et l’économie tourne à un plus haut régime, de telle sorte qu'une adaptation agressive de la politique en matière de taux paraît invraisemblable.
Il existe cependant un consensus dans une certaine mesure sur les marchés financiers concernant les prochaines réunions sur les taux à Francfort et Washington, mais il subsiste des questions concernant l’évolution des taux par la suite. Dans la zone euro, l’inflation s’est approchée de l’objectif de 2 pour cent de la BCE en août, mais elle va vraisemblablement remonter vers la fin de cette année (autour de 2,4 pour cent) en raison des effets de base des prix volatils de l’énergie. Selon les attentes, la pression sous-jacente de l’inflation va continuer à s’alléger, surtout sur le marché du travail. Les enquêtes réalisées auprès des entreprises en Europe montrent que les pénuries de main d'œuvre dans le secteur des services se sont atténuées, ce qui entraîne une diminution de la pression salariale.
Les prochaines baisses de taux par la BCE se feront par étapes et avec prudence (25 points de base). Selon nous, lors de la réunion du mois d'octobre, il sera trop tôt pour une nouvelle baisse, mais nous attendons une réduction des taux en décembre. Ensuite, nous tablons sur deux baisses de taux supplémentaires au premier trimestre 2025, ce qui amènerait le taux directeur à 2,75 pour cent dans la zone euro. La condition est toutefois que la pression de l’inflation sous-jacente continue à s'atténuer dans la zone euro. Les éléments qui pourraient jouer les trouble-fête sont une hausse des prix pétroliers, l’absence de refroidissement des prix des services et une augmentation plus forte que prévu des salaires.
Aux USA également, nous tenons compte de deux baisses de taux de 25 points de base entre maintenant et la fin de l’année. L'évolution du taux directeur américain par la suite en 2025 dépend en partie du vainqueur des élections présidentielles. Selon nous, les risques d'augmentation de l’inflation sont plus élevés sous la présidence de Trump que de Harris. Les derniers sondages indiquent une légère avance pour la candidate démocrate, Kamala Harris. Si elle arrive à garder cette avance, cela ouvrira plus largement la porte à un assouplissement monétaire à Washington.
Source générale : Belfius Research
1 Source: Eurostat
2 Source: BCE
Ce document, rédigé et publié par Belfius Banque, donne la vision de Belfius Banque sur les marchés financiers. Il ne contient pas de conseil ou de recommandation en investissement personnalisé, ni d’analyse indépendante en matière d’investissement. N'hésitez pas à contacter votre conseiller financier si vous désirez recevoir des conseils d’investissement personnalisés. Il se fera un plaisir d’examiner avec vous les conséquences éventuelles de cette vision sur votre portefeuille personnel d’investissements. Les chiffres mentionnés reflètent une situation à un moment donné et sont susceptibles d’être modifiés. Les rendements du passé, les simulations de rendements du passé et les prévisions de rendements futurs d'un instrument financier, d'un indice financier, d'une stratégie ou d’un service d'investissement ne constituent pas des indicateurs fiables des rendements futurs. Les rendements bruts peuvent être influencés par des commissions, frais et autres charges. Les rendements libellés dans une autre devise que celle de l’État de résidence de l’investisseur sont soumis à des fluctuations du cours du change, qui peuvent avoir un impact positif ou négatif sur les plus-values.