Frank Maet
Senior Macro Economist @Belfius
Véronique Goossens
Chief Economist @Belfius
Une des tendances remarquables dans la zone euro est la différence de rapidité de la reprise économique. Entre pays, naturellement, mais aussi entre commerce et industrie. Le graphique montre que le rattrapage dans le commerce de détail après la débâcle d’avril est plus vigoureux et rapide que la reprise de la production industrielle. Le chiffre d’affaires du commerce en juin a de nouveau atteint les niveaux d’avant le confinement, tandis que la production industrielle restait inférieure de 11,4% à ce qu’elle était en février.
Différents facteurs expliquent le fort rebond technique des chiffres commerciaux. Il s’agit en partie d’une demande réprimée qui se libère par l’assouplissement de la quarantaine. L’argent qui n’avait pas été dépensé pendant le confinement, a été amassé sur les comptes d’épargne des ménages européens. Depuis la réouverture des magasins à partir de mai, cette épargne supplémentaire retrouve le chemin de l’économie réelle. La réponse à la crise des gouvernements nationaux joue un rôle important dans la reprise de la consommation. Les programmes fiscaux, qui mettent l’accent sur le maintien des emplois et le rétablissement des revenus des ménages, contribuent au redémarrage des dépenses.
Après le fort rattrapage de mai et juin, la reprise économique semble de nouveau perdre quelque peu du terrain. Les indicateurs qui suivent la mobilité et le nombre de réservations au restaurant dans les grandes villes européennes affichent une diminution de l’activité depuis le début août. En raison des nouvelles contaminations au Covid-19 en Espagne, en France, en Belgique et aux Pays-Bas, la crainte d’une deuxième vague en Europe continue à perturber la confiance.
En outre, les conséquences négatives du Covid-19 sont bien visibles dans les statistiques de l’emploi. Au deuxième trimestre, plus de 4 millions d’emplois ont été perdus dans la zone euro. Il s’agissait surtout d’intérimaires et d’emplois à temps partiel. Les réglementations en matière de réduction du temps de travail ont permis d’éviter une flambée du taux de chômage comme aux États-Unis. On commence cependant à réaliser de plus en plus que la fin abrupte des mesures de crise sur le marché de l’emploi signifierait un choc pour la confiance fragile. C’est la raison pour laquelle le Ministre allemand des Finances, Olaf Scholz, a proposé cette semaine de prolonger d’un an le système de ‘Kurzarbeit’. Tout comme dans la vie sociale, un retour à la normale de l’économie ne semble pas encore pour demain.