La croissance chinoise s’enfonce encore un peu plus
30 septembre 2022
Frank Maet
Senior Macro Economist @Belfius
Véronique Goossens
Chief Economist @Belfius
- En Chine, la croissance économique est paralysée par la politique sévère en matière de Covid-19.
- La crise dans le secteur immobilier chinois va de mal en pis.
Le gouvernement chinois se tire-t-il une balle dans le pied avec sa politique de zéro Covid ? Ça y ressemble en tout cas, du moins sur le plan économique. La croissance dans la deuxième puissance économique mondiale est quasi à l’arrêt. Au cours du deuxième trimestre, le PIB n'a augmenté que de 0,4 pour cent en comparaison avec la même période de l’année dernière. Pour la première fois depuis 1990, la Chine enregistre de moins bonnes performances économiques que le reste de l’Asie. Pour 2022, la Banque mondiale s’attend à ce que l’économie chinoise ne progresse que de 2,8 pour cent mais, pour le reste de l’Asie, elle table sur une croissance de 5,3 pour cent, quasi le double.
L'avenir semblait pourtant encore prometteur pour la Chine il y a quelque temps. En 2020, elle a été la première à sortir du confinement et elle paraissait prête à profiter économiquement du redémarrage dans le reste du monde. Ce scénario favorable ne s’est pas réalisé. En premier lieu, les pénuries de conteneurs, de puces et de matières premières ont entravé la relance. Cette année, l'industrie chinoise, tout comme chez nous, a été confrontée à une flambée des coûts énergétiques en raison de la guerre en Ukraine.
Mais la tolérance zéro en matière de Covid-19 occasionne encore plus de dégâts à l’économie. Voilà plus de deux ans que le président Xi Jinping ne démord pas d'appliquer une politique radicale concernant la pandémie, avec des quarantaines rapides et des tests massifs à la clé. Dans les grandes villes, les Chinois voient les confinements se succéder, avec des effets négatifs sur les dépenses de consommation. Les entreprises font face à d'importantes perturbations dans leur production et reportent les nouveaux investissements. Le malaise s’est encore aggravé en juillet. Les ventes au détail, la production industrielle et les investissements sont tous restés en deçà des attentes. Les exportations diminuent également en raison du ralentissement de la croissance en Europe et aux USA.
Provisoirement, il ne semble pas que les mesures contre le Covid-19 soient près de s'assouplir. À l’approche du congrès du Parti communiste en octobre, les autorités locales sont sous pression pour endiguer rapidement l’apparition de nouveaux foyers. De plus, les experts s'attendent à ce que la politique stricte du président Xi Jinping reste en vigueur en 2023, jusqu'à ce que les scientifiques chinois aient développé une technologie de vaccin permettant d’arrêter la propagation du virus.
Le deuxième boulet au pied de l’économie chinoise est la crise persistante dans le secteur immobilier. Celui-ci risque de se retrouver dans une spirale négative vu que de plus en plus de propriétaires refusent de payer leur hypothèque pour des logements qui ne sont pas terminés. La faillite de différents développeurs a occasionné un dommage irréversible à la confiance des acquéreurs potentiels, de telle sorte que tant les ventes que les prix des maisons ne cessent de chuter. Vu la grande importance du secteur immobilier pour les recettes des pouvoirs locaux et les réserves d’épargne des ménages, la crise enfonce encore plus l’économie chinoise.
Le gouvernement essaie de relancer la croissance en injectant de l’argent dans l'économie. Le report de la taxation pour les entreprises est prolongé et les autorités vont investir une somme équivalente à 140 milliards d’euros dans des travaux d'infrastructure. Les taux d'intérêt des crédits ont également été réduits. Jusqu'à présent, les mesures de soutien fiscal et monétaire ne portent guère de fruits. Les économistes soulignent que la politique stricte contre le Covid-19 sape l’efficacité du soutien des autorités. La croissance ne peut pas se propager dans le reste de l’économie si elle est enfermée à tout moment.
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