Wanted: solutions pour la crise alimentaire

13 octobre 2022

Frank Maet
Senior Macro Economist @Belfius


Véronique Goossens
Chief Economist @Belfius

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Cette année, cela vous coûte beaucoup plus cher non seulement de vous chauffer, mais aussi de vous nourrir. Par exemple, le prix du pain a bondi de 14 pour cent en un an et toute une série de produits alimentaires, comme la viande, l’huile de cuisson et les produits laitiers, ont vu leur prix exploser ces derniers mois. En septembre, l’inflation alimentaire a grimpé à 10,4 pour cent dans notre pays alors qu’elle atteignait à peine 0,5 pour cent à la fin de l’an dernier. Les hausses des prix alimentaires ont l'air moins spectaculaires que celles du gaz et de l’électricité mais elles ont quand même un impact considérable sur le pouvoir d'achat. La part de l’alimentation dans le panier du consommateur belge s'élève à plus de 15 pour cent, ce qui est supérieur à l’énergie, qui représente environ 10 pour cent.

Le système alimentaire mondial est confronté à une crise brutale cette année en raison de l'agression militaire russe contre l’Ukraine. La Russie et l’Ukraine sont des acteurs mondiaux dans la production de céréales, telles que le blé, et la guerre a fortement perturbé l’approvisionnement. Mais, même avant la guerre, les prix alimentaires internationaux augmentaient déjà fortement en raison du réchauffement climatique, des mauvaises récoltes et des conséquences de la pandémie de Covid-19. Le monde entier souffre des prix alimentaires faramineux mais c’est d'autant plus difficile à supporter pour les pays avec un revenu plus bas. Dans les pays émergents, plus d'un quart des dépenses des ménages sont consacrées à l’alimentation. La crise actuelle entraîne des pénuries et un risque accru de famine dans de nombreux pays. Dans le passé, le manque de sécurité alimentaire a souvent généré des troubles sociaux et une instabilité politique. Par exemple, fin 2010, le Printemps arabe a commencé dans certains pays par des manifestations et des contestations contre le manque de nourriture.

Les chiffres des NU montrent que, pour la première fois depuis dix ans, la faim dans le monde s’est aggravée. Entre 2019 et 2022, le nombre de personnes sous-alimentées a augmenté de pas moins de 150 millions. L’insécurité alimentaire s’intensifie également dans notre pays. Selon la Fédération des Banques alimentaires, le nombre de Belges qui se sont présentés pour recevoir une aide alimentaire est passé à 204.000 au premier semestre de cette année, soit une hausse de 15% par rapport à fin 2021.

Ces chiffres sont d'autant plus honteux au vu du gaspillage alimentaire. Un tiers des aliments produits pour la consommation humaine dans le monde sont jetés. Cela se produit tout au long de la chaîne alimentaire, de l’agriculteur au consommateur. En chiffres absolus, il s'agit de plus d’un milliard de tonnes d’aliments par an.

Il est donc grand temps de gérer notre nourriture plus efficacement. Si moins d'aliments atterrissent dans la poubelle, de plus grandes quantités seront disponibles pour la consommation, nous économiserons aussi de l’argent et réduirons notre impact sur l’environnement. Dès lors, la réduction du gaspillage alimentaire constitue l’un des objectifs de développement durable (Sustainable Development Goals ou SDG) des NU. Selon le SDG 12.3, il faut que les déchets alimentaires par personne aient diminué de moitié d’ici 2030. L’UE accorde également beaucoup d'importance à ce thème. La stratégie «Farm to Fork», c’est-à-dire «De la ferme à la fourchette» est un volet important du Green Deal européen. Elle vise une transition vers un système d'alimentation durable garantissant la sécurité alimentaire au sein de l’UE.

L'un des moyens d’y arriver consiste à appliquer davantage les principes circulaires dans notre production et notre consommation alimentaires. L'un de ces principes est l’augmentation de la production locale. En raison de la mondialisation, une grande part de ce qui arrive dans notre assiette vient de loin et le transport et le stockage entraînent souvent des pertes. Si nous raccourcissons la chaîne alimentaire, ces pertes pourront être limitées. Ces dernières années, le circuit court a de plus en plus de succès: produire des légumes frais (ou de la viande) et les vendre ensuite sur le marché local. Outre la disponibilité de produits frais locaux pour les consommateurs, souvent à des prix démocratiques, cela peut également offrir des avantages financiers aux agriculteurs. Le fait de raccourcir la chaîne alimentaire permet d’éliminer toute une série d'intermédiaires et des coûts supplémentaires. Afin de répondre à cette demande croissante, de plus en plus de pouvoirs locaux vont créer des «hubs alimentaires». Ce sont des plateformes de collaboration accessibles à tout le monde pour acheter des fruits et légumes, des produits laitiers et de la viande d'agriculteurs locaux. Un hub alimentaire ne se limite cependant pas à un simple marché physique local. Il peut également s'agir d'une plateforme virtuelle qui permet de mieux accorder l’offre et la demande via Internet.

Si les résidus de la production alimentaire ne sont plus appropriés pour la consommation humaine, il faut essayer de réutiliser les excédents le plus possible, comme aliments pour les animaux, matière première pour l’industrie et l'agriculture, ou comme source d’énergie. Nous devons éviter le plus possible de brûler et de jeter des restes alimentaires.

En 2022, l’Europe a appris à ses dépens qu’elle doit être plus indépendante en matière d'approvisionnement en énergie. Mais c’est également le cas pour ce que nous mettons dans notre assiette. Une gestion plus efficace de la production alimentaire permettrait de franchir un grand pas vers l’autonomie et la durabilité.

Ce document, rédigé et publié par Belfius Banque, donne la vision de Belfius Banque sur les marchés financiers. Il ne contient pas de conseil en investissement personnalisé, pas de recommandation d’investissement, ni de recherche indépendante en matière d’investissement. N'hésitez pas à contacter votre conseiller financier si vous désirez recevoir des conseils d’investissement personnalisés. Il se fera un plaisir d’examiner avec vous les conséquences éventuelles de cette vision sur votre portefeuille personnel d’investissements. Les chiffres mentionnés reflètent une situation à un moment donné et sont susceptibles d’être modifiés.

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